De Chavín de Huantar, on a repris un bus et on a retraversé dans l’autre sens les grandioses paysages de la Cordillera Blanca. Sans être nauséeux cette fois à 4500 m au passage du col. À Huaraz, on a mangé dans un chouette petit resto tout à fait local puis on a retrouvé notre ami taximan Alex qui nous a conduits à Caraz. Un peu plus au nord, un peu plus loin dans la Cordillera Blanca. Un peu plus proches du plus grand sommet du Pérou, le majestueux Huascarán (6768 m).
Cette fois, Nico nous avait trouvé un logement en dehors de la ville : Apu Ecolodge, Apu signifiant « montagne » en quechua. Quel ne fut pas notre émerveillement en y arrivant !!! Petite rue en piste non goudronnée où trottent des chiens, grand portique entouré de bougainvilliers, vraie cloche qu’on fait sonner en tirant sur une corde (au grrraaand plaisir des enfants) et enfin petite truffe noire qui dépasse sous le portique, curieuse de qui arrive là.
Un homme nous a ouvert le portique et là, l’émerveillement est encore monté d’un cran : très grand jardin fraîchement tondu avec une petite mare, une petite rivière et une cascade, une rangée de pins, des palmiers, des arbres fruitiers, des tables de pique-nique sous des tonnelles et plusieurs petites maisons avec de magnifiques dessins sur les murs : colibris, hiboux, aras, papillons et autres animaux péruviens. Et même une petite plaine de jeux et un mur d’escalade ! Et deux chiens, un chat, plein de poules et deux coqs en liberté. Quel bonheur, tout spécialement pour notre Lucie qui adore les animaux !
Notre appartement à deux chambres était super cosy. Les fenêtres des pièces de vie donnaient sur la Cordillera Blanca et le grand Huandoy (6395 m), un de ses sommets enneigés. Les chambres, à l’arrière, donnaient dans les arbres et sur la Cordillera Negra. J’adore les fenêtres qui donnent directement dans les arbres. C’était joli quand le soleil du soir filtrait à travers le feuillage.
En plus de toutes ces merveilles, les petits déjeuners étaient excellents, avec des salades de fruits, des confitures et des jus maison venant de l’énorme potager bio du lodge. Ici, on s’est reposés, les enfants ont beaucoup joué dehors. Nico nous a cuisiné trois super bons repas (les premiers « faits main » du voyage !!!)
Après trois jours, on a eu le plaisir de rencontrer Erick, le propriétaire de ce lieu magique. Péruvien, il parle, en plus de l’espagnol, le quechua, l’anglais et le français et est un grand amateur de… bières belges ! Il est déjà allé plusieurs fois en Belgique et brasse sa propre bière style trappiste.
Erick est un passionné de sa région, une boule d’énergie et de bonne humeur qui nous a emmenés dans son 4×4 voir deux magnifiques lacs, faire du kayak, manger du ceviche de truite et parler quechua aux locaux. Il nous a fait faire un tour de son potager en goûtant aux mûres, physalis, framboises, pommes, petits pois et d’autres fruits dont nous n’avons pas retenu les noms. Il nous a proposé de faire un feu de camp dans le jardin.
Nous avons fait connaissance avec la famille d’Erick, qui prend soin du lieu avec cœur. Ines, sa maman, nous a appris à frire la cancha et à faire un cake aux bananes, qu’on a cuit dans le four à bois ; sa cousine Xiomara nous a appris à cuisiner le délicieux lomo saltado ; ses petites-cousines Luana (8 ans) et Naomi (6 ans) ont été les premières copines péruviennes de nos filles. Tio Ronald prenait soin du jardin, des bâtiments et du potager et nous a fait cuire de délicieuses pizzas au four traditionnel dans le jardin. Le jeune cousin Eleazar aidait partout, dans le jardin, pour servir le petit déjeuner, pour donner des renseignements, etc.
Via Erick, nous avons rencontré Maximo, un adorable taximan qui gagne haut la main le prix du taxi le plus propre et le mieux soigné du Pérou, voire de toute l’Amérique du Sud, malgré le fait qu’il soit vieux et usé (une Toyota Corolla des années 90, comme celle de Grégoire à son mariage, mais en break). Avec Maximo, nous avons découvert le Cañon del Pato, le canyon du canard, impressionnante crevasse que nous avons traversée en partie. C’est le lieu où se rencontrent la Cordillera Blanca et la Cordillera Negra. Elles s’approchent à 15 m l’une de l’autre avant de s’éloigner de nouveau. Quand on se trouve dans le canyon, on peut s’imaginer ce que c’est que d’être une fourmi. Très impressionnant !!!
Avec Maximo, nous sommes aussi allés aux Aguas Termales de Huancarhuaz, une piscine en plein air alimentée en continu par une source d’eau délicieusement chaude. Trop chaude même pour le corps humain à sa sortie de terre. J’évaluerais la température de l’eau dans la piscine à 34°C.
Les lieux que nous avons visités en 4×4 ou en taxi étaient la plupart de temps éloignés d’au moins une heure de l’Apu Ecolodge. Une heure de voiture en montagne, ce n’est pas très loin. Nous avons eu droit à de magnifiques paysages, des pistes sableuses sinueuses montant à flanc de gigantesques collines ocre, ou accrochées le long d’une paroi rocheuse à pic. Des forêts d’eucalyptus, des agaves tout le long de la route… Ces mêmes pistes passaient par de petits villages avec des maisons en adobe, des champs de maïs, de pommes de terre, d’œillets. Souvent nous nous arrêtions pour demander aux habitants en quechua Imatang chutiki? ; comment t’appelles-tu ? Des femmes magnifiques, habillées de manière traditionnelle, très colorée ; des enfants ; des jeunes filles. Nous avons croisé une famille dans une jolie petite cour intérieure. La maman faisait la vaisselle et deux petits enfants jouaient dans les escaliers. Une autre famille préparait des cuy (cochons d’inde) pour le repas. Nous avons vu des hommes labourant les champs avec leurs bœufs.
Vous comprendrez pourquoi on a prolongé notre séjour et pourquoi les filles ont pleuré à chaudes larmes quand nous avons quitté l’Apu Ecolodge. Que de bons souvenirs !