Dès l’arrivée à Ayacucho, plutôt appelée Huamanga par ses habitants, on sent que c’est une ville différente. On s’est tout de suite dit qu’on l’aimait bien, malgré la mauvaise expérience du voyage : personne ne nous a dit (et nous n’avons pas pensé à vérifier) que pour aller depuis Paracas (0m d’altitude sur la côte) à Ayacucho (2800m, donc une altitude très raisonnable) on passait par de très hauts cols, dont un à 4780m (soit 68m de moins que le Mont Blanc !), ce qui est nettement moins raisonnable. Résultat : le retour en force du soroche. Maux de tête et fatigue chez tout le monde, gros maux de ventre pour Éline et quasi-évanouisssement pour moi. Heureusement que les autres passagers du minibus avaient des feuilles de coca à mâcher (qu’est-ce que c’est mauvais !) et de l’alcool pur à respirer. Grosse frayeur, mais qui est passée très vite une fois arrivés à notre hostal.

Alors pourquoi l’aimons-nous, cette ville ?

Parce qu’il y a de l’animation à toute heure, mais surtout parce qu’Ayacucho n’a visiblement pas subi de gros tremblements de terre ravageurs comme les autres villes qu’on a vues jusqu’ici. Résultat : le centre est magnifiquement conservé, avec ses bâtiments coloniaux et ses multiples églises (dont une de 1541, soit avant la chute des Incas). La plaza de Armas, en particulier est très belle (une des plus belles du Pérou, parait-il) avec ses galeries ombragées tout autour, ses restos et le tout, sans circulation de voiture. Alors qu’Ayacucho est la capitale d’une des provinces les plus pauvres (d’après notre guide), on a une vraie impression de richesse ici : des gens habillés à l’américaine, des magasins modernes, des restaurants à l’occidentale, …

Et puis on retrouve ici ce qu’on a vécu partout sauf à Paracas : nous ne sommes pas les seuls touristes, mais nous sommes les seuls touristes étrangers (en tout cas blancs) !

Une autre grosse différence avec le reste du Pérou, c’est qu’ici, on a chaud (contrairement à ce qu’on écrivait dans l’article précédent). Ici, comme ailleurs, la température oscille toute l’année entre 10°C et 25°C, mais il n’y a pas de voile nuageux comme à Lima, pas de vent océanique comme à Paracas, ni de nuits fraiches comme à Huaraz et Paracas. Il fait beau et chaud.

Après une journée de découverte de la ville à pied et d’école pour les enfants, nous sommes partis en excursion. Une vraie, organisée, avec d’autres touristes péruviens, en minibus et tout. On a pu voir un atelier de céramique à Quinua et le monument commémoratif de la bataille d’Ayacucho où les espagnols ont perdu leur dernière bataille, et donc la guerre d’indépendance. En gros, c’est le Waterloo espagnol au Pérou. Mais on a constaté que ce type d’excursion n’est définitivement pas pour nous : les touristes péruviens n’ont pas les mêmes attentes que nous ! Là où on nous a ballotés entre un atelier de céramique, une boutique de souvenirs et un restaurant à touristes à Quinua, nous aurions préféré flâner dans le village, qui est parait-il très joli, voir la vie sur place et manger avec les péruviens. Et là où nous sommes restés 2h autour de l’obélisque de la bataille d’Ayacucho (l’équivalent de notre butte du Lion chez nous), nous aurions préféré la voir en 30min mais avoir des explications sur les tenants et aboutissants de cette bataille… On ne nous y prendra plus.

D’ailleurs, le lendemain nous sommes partis à pied, tout seuls, au fameux mirador d’Ayacucho duquel on nous promettait une magnifique vue et quelques bons restaurants. Vaillamment, nous sommes partis et nous sommes montés, montés, montés… Deux heures de montée (et Margaux a tout marché toute seule !) à travers certains quasi-bidons-villes (des maisons faites de matériau de récupération, mais où c’est propre et où tout le monde est charmant) et une nature abondante et tellement différente de chez nous. Nous étions entourés d’eucalyptus, de figuiers de barbarie, de « cactus à cure-dents« , d’agaves puis nous sommes arrivés à un superbe point de vue sur toute la ville et même toute la vallée ! Mais point de restaurant ni de moyens de transport pour redescendre facilement ! …alors que l’heure du repas était déjà passée depuis longtemps et que nos estomacs criaient famine (enfin, surtout ceux des enfants). Nous avons alors entamé la descente à pied par la route, plutôt que par le « chemin de l’inca » (dixit un habitant) que nous avions pris pour monter. Nous espérions y trouver un taxi, un moto-taxi ou n’importe quoi qui pourrait nous ramener rapidement vers un endroit où il y a de la nourriture ! C’est après une demi-heure que nous avons pu héler un bus qui descendait et qui nous a ramenés au centre. Et nous y avons trouvé un petit café très occidental qui faisait des crêpes ! À 15h passée, autant vous dire qu’on les avait méritées, ces crêpes !

Après cela, on a encore voulu découvrir le Bosque de Piedras de Huaraca, un champ de pierres très originales près d’Ayacucho. Enfin, « près »… c’était quand même 1h45 de route. Les distances ne sont décidément pas les mêmes qu’en Belgique. Malheureusement, quelques maux de ventre infantiles ont compromis l’excursion. Pas grave ! Steph et Éline ont été visiter ce champ de pierres alors que Lucie, Margaux et moi, nous sommes restés sagement à l’hostal pour se reposer. Margaux nous a encore fait un beau dessin pour l’occasion (voir photo).

Malgré que ce soit une très belle ville, nous repartons d’Ayacucho avec une petite frustration car il y avait énormément à voir dans la région, mais finalement, on a fait assez peu. Il y avait aussi des aguas turquezas (un complexe de bassins d’eau turquoise) à visiter, mais c’était 8h de route de montagne pour une heure sur place ; un cañon à explorer mais il était fermé pour éboulement ; une ruine de temple inca, mais c’était aussi 8h de route ; et un musée sur l’artisanat d’Ayacucho, très réputé, mais qui n’existait plus !

Mais a posteriori, c’était mieux ainsi. Comme on l’a déjà dit dans cet article, nous ne pouvons pas tout voir. On ne peut pas tout faire… Et en fait, on a déjà bien senti Ayacucho et on en gardera un très bon souvenir.

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