Le Machu Picchu est un incontournable : vestige inca le mieux conservé, patrimoine mondial de l’UNESCO, une des sept (nouvelles) merveilles du monde, site le plus visité d’Amérique du Sud… on ne pouvait pas ne pas y aller !
Mais après avoir fait le trek de Choquequirao, on s’est dit qu’on n’allait pas imposer aux filles un autre trek, le chemin de l’Inca, long de quatre jours. Non, cette fois, on a pris la route touristique classique, c’est-à-dire le train, car il n’y a pas de route qui arrive au Machu Picchu : c’est soit le train, soit à pied. Et comme je travaille dans le ferroviaire, c’était l’occasion d’aller voir comment roulent les trains au Pérou.
Nous avons donc réservé nos billets d’entrée et de train (avec passeport et tout le tralalala très officiel). Et avec chance car, avant la pandémie, il fallait – paraît-il – s’y prendre plusieurs semaines voire plusieurs mois à l’avance pour réserver ses tickets. Nous, nous nous y sommes pris trois jours avant d’y aller…
Le jour dit, nous nous sommes levés tôt (« encore une fois ?! » dixit les enfants, surtout Éline qui dort tard le matin) pour aller prendre le train à Poroy, à 25 min en taxi de Cuzco. Parce que, sur la dizaine de trains quotidiens vers le Machu Picchu, il n’y en a plus qu’un ou deux qui partent de Cuzco, allez savoir pourquoi. Il faut aussi savoir que les péruviens ne voyagent pas en train, quasi exclusivement utilisé par les touristes (au contraire de la Belgique). Du coup l’expérience (et les prix !) s’en ressent : fauteuils chics en gare, toilettes propres (avec planche !), personnel en cravate pour accompagner les passagers et petit marchepied aux couleurs de Perurail pour monter en voiture. Nous aurons quand même un frisson d’horreur en se rendant compte que j’avais oublié les passeports, sésames indispensables pour le train et pour le Machu Picchu. Mais trop tard pour aller les chercher. On verra bien si la copie numérique (que j’ai sur mon téléphone) suffira. On a quand même bien dit aux enfants de pleurer très fort si quelqu’un exigeait nos passeports. Des enfants qui pleurent, ça ramollit même les plus endurcis.
Une fois dans le train (où l’on rentre finalement sans vérification de passeports), le charme agit : la décoration un peu désuète se combine à merveille aux tacs-tacs caractéristiques des rails non-soudés (comme dans les films – si vraiment vous aimez les trains, voici une vidéo qui explique le tac-tac des trains). Par contre, si la suspension semble assez bonne, elle ne l’est pas assez pour compenser la voie visiblement peu entretenue : ça ballotte comme une brouette sur des pavés. Ça nous a beaucoup amusés mais on s’est quand même posé la question de savoir comment faisaient les gens chics, à l’aire pré-Covid, pour manger dans le train sans tout renverser dans les voitures où on servait des repas… Tout cela ne nous a pas empêchés de profiter des magnifiques paysages sur le chemin : entre les plaines cultivées de la vallée sacrée entourées de montagnes, le passage au milieu de rues fréquentées des villes traversées, les canyons encaissés où serpente la voie à côté d’une rivière (au point de voir les montagnes à la verticale de chaque côté dans les fenêtres du toit du train), jusqu’au grand Rio Urubamba entouré de végétation déjà tropicale… nous n’avons pas manqué de diversité ni de grandeur ! En plus, vu la vitesse maximale du train d’environ 35km/h, on a eu le temps de bien regarder pendant les 4h de trajet.
Arrivés à Machu Picchu pueblo (le village au pied du Machu Picchu), nous avons rapidement déposé nos affaires à notre hôtel d’une nuit. Et heureusement que ce n’était qu’une nuit, parce que ça ressemblait à une cellule de prison sans fenêtres – après les dépenses des tickets, on avait privilégié le prix pour cet hôtel. Mais pour 22€ la nuit, à cinq, déjeuner compris, il ne fallait pas s’attendre à mieux. Le reste de la journée fût donc consacrée à découvrir cette petite ville enclavée et escarpée, entièrement tournée vers le Machu Picchu et ses touristes, mais non dénuée de charme. Entre marchands de souvenirs, restaurants chics et chers et les ponts piétons enjambant le Rio Aguas Calientes, l’ambiance y est très agréable, surtout quand le soleil de l’après-midi chasse les brumes humides de la matinée, puisque nous sommes ici à la frontière humide entre les Andes et la Selva, la partie amazonienne du Pérou.
Nos tickets d’entrée étant pour 7h du matin (les entrées sont cadencées par heure pour gérer le flux de touristes et les guides conseillent d’y aller tôt le matin pour éviter la foule), il fallait se lever tôt le lendemain (« encore une fois ?! » dixit les enfants, surtout Éline). Nous embarquons dans le bus, avec nos petits déjeuners de l’hôtel empaquetés, direction le Machu Picchu après la montée serpentant à flanc de montagne. Petit stress à l’entrée quand le garde armé nous rappelle de sortir nos passeports « papier ». On lui dit qu’on les a oubliés à Cuzco et il nous répond de nous arranger avec le monsieur, dans sa cabine, qui vérifie les tickets et les passeports. Et ce dernier, au téléphone, sans un œil à nos passeports numériques, de nous laisser passer sans problème. Ouf, on est rentrés.
Et nous avons donc commencé la découverte de ce joyau inca par une montée, encore une, pour arrivée au fameux point de vue. Vous savez, celui qui est sur toutes les photos, quand vous tapez Machu Picchu sur Google ; celui qu’on voit sur tous les souvenirs. Eh bien ça ne ressemble pas du tout à ça. Parce qu’en fait, on est au début de la saison des pluies et à cette heure-là, tôt le matin, c’est plein de nuages ! Tous les guides qui parlent d’y aller à 6h ou 7h du matin, ils parlent de la haute saison.

Nous avons donc attendu, pleins d’espoir, que la vue se dégage un peu. Une heure et demie, quand même. Mais nous avons été récompensés (merci Steph d’avoir insisté pour rester) car, en effet, vers 09h15, les nuages se sont levés. Assez pour voir toutes les ruines et la petite montagne derrière, mais pas assez pour voir le Wayna Picchu, la grande montagne qu’on voit toujours en arrière-plan sur les photos.
Mais peu importe, on a eu la vue et cette magnifique impression de grandeur que donne ce site. Quand on compare à Choquequirao, le Machu Picchu est un peu plus grand, un peu plus dense. Il y a plus de constructions et en très bon état. C’est impressionnant, c’est le mot.

De là, nous sommes redescendus parmi la horde de touristes. Et encore, comme je l’ai dit, on a eu de la chance puisqu’avant la pandémie, c’était bien pire, paraît-il. Comme des moutons, nous avons donc avancé sur les chemins, très balisés et surveillés pour contenir la foule. Cela ne nous a pas empêchés de bien tout voir. En vrac : les terrasses agricoles, le temple principal, le secteur résidentiel, le temple du condor et même un viscache, perdu au milieu des ruines. On a bien compris qu’il s’agissait d’un site cérémoniel, politique, agricole, que les incas ont placé là, entre les Andes et la selva (la jungle), pour contrôler les passages de l’un à l’autre.
Si vous voulez plus d’infos sur le sujet, nous avons regardé la chouette émission spéciale de « C’est pas sorcier » sur le sujet. Avec les enfants, c’était une bonne manière d’introduire la visite !
À nouveau, nous avons aussi vu la ponctualité des péruviens. Le fameux intihuatana, le « poteau d’amarrage du soleil » qui « retient le soleil » lors du solstice (il est exactement orienté vers celui-ci lors de la journée la plus courte) n’est accessible que que jusqu’à 10h. Mais à 10h pile, le gardien a méticuleusement fermé le chemin devant un groupe d’une trentaine de personnes (dont nous). Il a littéralement placé la corde de fermeture entre les gens à l’heure dite. Il aurait pu attendre quelques secondes pour éviter une frustration, mais non, l’heure c’est l’heure. Pas grave : un peu plus loin, on aura vu le temple du condor qui, lui, est ouvert de 10h à 13h 🙂
Je ne vais pas vous raconter ici en détail la visite. Elle n’est intéressante que si on est sur place, évidemment… Je vous laisse voir les photos pour un aperçu plus imagé.
En sortant du site, nous sommes redescendus vers le Machu Picchu pueblo, visité la veille, et comme on était fatigués, qu’on avait faim et qu’on était dans un endroit touristique… nous avons profité du cadeau de nos voisins, la famille Thiry qui nous avait donné une somme d’argent avant notre départ pour un resto (encore un grand merci à eux !). Nous en avons donc bien profité sur place : un bon resto avec une belle vue. Et perso, j’y ai goûté pour la première fois de l’alpaga (très bon !). Nous avons ensuite repris le train vers Cuzco, où nous avons fait la connaissance des Géonautes (Sonia, Mathieu, Arthur et Victoria), une famille de Charente Maritime qui fait le tour du monde en 14 mois. L’occasion d’échanger des impressions et des bons plans en toute sympathie.
L’arrivée fût toutefois bien retardée par des incidents techniques à la loco. L’occasion pour Steph de discuter longuement avec son voisin, 82 ans, venu de Floride, qui passait deux ou trois semaines au Pérou, seul. Impressionnant. Mais donc, après le réveil à 5h du matin, on est allés se coucher bien tard, épuisés. Heureusement, on avait une journée de repos le lendemain… avant un départ vers la jungle le surlendemain où nous avons dû nous lever à 5h du matin (« encore une fois ?! » dixit les enfants, surtout Éline). Mais ça, c’est une autre histoire et un autre article. 🙂