En voyageant ici, nous sommes souvent interpellés par la question écologique. On réfléchit à nos comportements à nous, ou bien on est choqués par certaines choses qu’on voit.

Loin de moi l’idée de faire un classement des bons et mauvais élèves (ce que je suis incapable de faire, vu que je me base sur des impressions et non des faits chiffrés), mais j’utilise plutôt la question comme une opportunité pour réfléchir à nos modes de consommation (à nous, européens) et aux problèmes que rencontrent les péruviens.

Notre voyage

Tout d’abord un mauvais point pour nous : on voyage. Et c’est loin d’être écologique. Mais bon, on le savait et on assume : on espère que notre soif de découverte et de paysages amènera les enfants (et nous !) à mieux prendre soin de la planète.

L’avion, déjà, ça a un gros impact, c’est bien connu. Mais on s’était dit qu’un vol inter-continental aller-retour sur un an, ça pouvait encore passer (on ne le ferait pas pour des vacances de trois semaines). Malheureusement, avec le covid, les frontières ne s’ouvrent pas facilement : le Chili impose l’entrée par voie aérienne uniquement (pour pouvoir contrôler les entrées plus facilement). Mais comme vous le savez, nous ne pouvons pas y aller, ce qui fait qu’on remplace un passage de frontière (qu’on espérait terrestre) entre le Pérou et le Chili, par un voyage de 3900km en avion pour rejoindre l’Argentine. 🙁

Après, il y a les courses et l’eau. Parce qu’on ne peut pas boire l’eau du robinet. Donc nous buvons, depuis près de trois mois, de l’eau en bouteille (celle qui nécessite du transport, du plastique et enrichit Coca-Cola). Alors, oui, on a acheté des gourdes et on veille à acheter des bidons de sept litres plutôt que 4 ou 5 bouteilles d’un litre et demi, mais quand même. Et puis les courses… soit on va dans un mercado central, où tout est en vrac, ou dans un petit magasin, ou dans un rare supermarché ; dans tous les cas, on ressort avec des sacs plastiques à n’en plus finir, même si nous remplissons en priorité nos sacs à dos et sacs réutilisables (qu’on a emportés).

La voiture et les transports

Sur ce point, les péruviens sont très différents de nous. Il y a très peu de voitures personnelles. En fait, la majorité des véhicules ici sont des taxis, moto-taxis et minibus (ou combis, ou collectivos). Et puis il y a les gros bus. Les habitudes de déplacement ici, sont différentes. Comme dit dans l’article sur les voyages, même quand on habite au milieu de nulle part (par exemple au milieu de l’Altiplano, à des dizaines de kilomètres de tout village), on n’a pas de voiture.

Le temps est différent. Quand on va en ville, on prend la journée. Donc, on se poste au bord de la route et le minibus qui passe au petit bonheur la chance sera bien suffisant pour y aller.

La consommation

Nous avons eu la chance de loger chez, ou proche de, beaucoup de gens. Dans les villes (je pense à Ayacucho, Chavín de Huantar, Arequipa, …), quand on va à l’hôtel, on constate que les propriétaires logent sur place. Et leur cuisine, c’est la cuisine de l’hôtel et celle qui est disponible pour les clients (oui, on va dans des hôtels/hostel où on peut avoir accès à la cuisine). Souvent, ils habitent dans une des chambres de l’hôtel. Ce qui fait qu’on a pu voir, parfois de près, leurs habitudes.

Et on a parfois honte. Avec nos cinq grosses valises et nos cinq petits sacs à dos, on a l’impression qu’on possède plus qu’eux. Alors qu’on a encore une maison pleine à Braine-l’Alleud ! À Llachon (voir l’article sur le lac Titicaca), on a vu la pièce où dormaient Jonka et ses deux enfants. Et, à part le lit, elle est quasi vide !

C’est bien simple, à peu près partout où on va, il n’y a pas d’armoires. C’est simplement parce que les péruviens n’en n’utilisent presque pas ! Il n’en n’ont pas besoin. Bon, évidemment, ça varie très fort en fonction du niveau de richesse, mais globalement, c’est quand même ça.

Mais… on voit quand même poindre (et même plus) la société de consommation. On trouve beaucoup de magasins qui vendent de tout et de rien. Des trucs en plastique, ou trente-six accessoires pour la cuisine et la maison. Comme chez nous, quoi.

Ce qui nous mène à la section suivante :

Le plastique et les déchets

Là, à nouveau, une sacrée différence. Quand nous, en Belgique, nous aurions honte à jeter le moindre papier par terre devant les autres (même si certains n’ont pas honte quand il n’y a personne pour les voir), ici, tout le monde s’en fout.

À Llachón, au moment du goûter, nous avons sorti quelques biscuits que Saint-Nicolas avait apportés. Nous en avons donné un à Zoe (prononcez « Soï »), la petite fille du lieu. À qui ça ne posait aucun problème de jeter l’emballage du biscuit par terre. Dans son propre jardin !

Et il est vrai que c’est ce qu’on voit ici. Dans les jardins, les champs ou le long de toutes les routes, des tonnes et des tonnes de déchets. Même sur l’Altiplano, à 3500m d’altitude, devant des paysages magnifiques, à des kilomètres de tout lieu habité : des sacs plastiques, des bouteilles, des pneus et autres déchets, sur toute la longueur de la route.

Les péruviens avec qui nous discutons – qui sont, avouons-le, des péruviens proches des touristes et assez cultivés – nous disent que c’est un grand problème au Pérou. Les gens ont l’habitude de jeter tout par terre. Et en effet, à part dans quelques villes (comme Cuzco ou Arequipa, par exemple) qui ont une politique de propreté publique, il y a très peu de poubelles publiques dans les rues. Même dans les parcs, il n’y en a pas. Par contre, on trouve quelques lieux de tri, mais c’est sur base volontaire et il faut se déplacer pour y aller, alors que chez nous, c’est obligatoire et on vient chercher les différents sacs poubelles à la maison. Et donc en pratique, ici, on jette les bouteilles en verre dans la poubelle (ouh, c’est dur !). Idem pour les piles ! Brrr… Question de moyens, évidemment…

Il y a bien une législation qui dit que les sacs plastiques à usage unique sont interdits, mais ça reste très théorique. Car on en reçoit partout. Mais vraiment partout.

Une exception notoire : ce sont les sites archéologiques du Pérou. Sur ces sites, les bouteilles plastiques sont interdites (théoriquement) par une loi spéciale. Mais il est vrai qu’au moindre déchet par terre, les gardes (qui sont légion) les ramassent et les ramènent en-dehors (car il n’y a pas de poubelles là non plus). Le Machu Picchu est d’une rare propreté.

Les infrastructures de traitement, la législation

Sur ce point-ci, je ne peux pas dire de généralités car j’ai peu d’informations, mais j’ai un exemple frappant : la ville de Puno et le lac Titicaca. En se promenant le long du lac, nous avons remarqué une odeur (en plus des déchets, voir le point précédent) : au bord, le lac sent très mauvais !

C’est en discutant avec Juana, à Llachón, que nous avons appris (selon elle) qu’il n’y avait pas d’usine de traitement des eaux usées à Puno. Cela signifie que Puno, ville de 120 000 habitants, rejette toutes ses eaux usées dans le lac Titicaca, qui est grand (8500km², soit un quart de la Belgique), certes, mais quand même.

Il semblerait aussi que le Pérou tire un pourcentage important de son activité économique des mines (comme dans toutes les Andes). Mais, faute de législation adéquate (ou de leur application), les processus très polluants utilisés dans les mines (et autres usines de traitement des minerais) ne sont pas cadrés et rejettent énormément de métaux lourds dans toutes les rivières… Mais bon, chez nous, on a peut-être une législation, mais encore faut-il l’appliquer, ce qui n’est pas évident : comme exemples, je vous invite à lire ces articles de Médor (un, deux et trois et je vous invite même à vous y abonner).

L’impact du réchauffement climatique

Et qu’en est-il des effets du réchauffements climatiques ? Et bien ils sont bien présents aussi. Deux exemples qui nous ont été rapportés :

  • à Caraz, au sein de la Cordillera Blanca, la neige qui recouvre les montagnes diminuent chaque année. Bientôt, la Cordillera blanca deviendra comme sa voisine d’en face, la Cordillera Negra, appellée ainsi parce qu’elle n’a pas de neige. Les glaciers dont Erick utilise l’eau pour faire sa bière diminue dangereusement.
  • le Lac Titicaca a clairement baissé ces dernières années. Cela se voit à l’œil nu quand on observe les rives. Moins de pluie (la saison des pluies a, cette année, un mois de retard), plus d’évaporation. Deux effets du réchauffement climatique qui se combinent.

Conclusion ?

Je ne vais pas essayer de comparer des pommes et des poires pour savoir qui pollue le plus ; peu importe.

Les habitudes de consommation des péruviens sont certainement meilleures que les nôtres, mais vont probablement évoluer pour devenir comme les nôtres, malheureusement. Ce sont elles qui sont à la base du problème environnemental qui est au centre de l’attention aujourd’hui : le réchauffement climatique. Par contre, concernant la pollution directe (autre que la production de CO2), le constat ici au Pérou est bien triste, même si ce n’est pas toujours reluisant en Belgique non plus.

L’important à retenir, c’est qu’on a du boulot, à tous les niveaux et partout pour améliorer le sort de notre planète. Alors, oui, ça fait un peu « conclusion à la Greta Thunberg », mais je n’ai pas trouvé autre chose 😉

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