Je ne m’attendais pas particulièrement à aimer Ushuaïa. Rien ne m’y avait préparée. Plusieurs personnes y étant allées avant nous, nous avaient dit que la ville n’avait rien de particulier, qu’elle était très quelconque, mais que l’intérêt du lieu était évidemment sa situation « au bout du monde ». Ushuaïa étant la ville la plus septentrionale, dépassée seulement par Puerto Williams, un village chilien sur la rive sud du canal Beagle.

Je pensais qu’Ushuaïa serait juste un point stratégique nous permettant de découvrir la Terre de Feu. Je me suis bien trompée : dès la descente en avion, je suis tombée en amour, comme diraient les Québécoises. Imaginez-vous survoler des montagnes aux sommets enneigés puis arriver au-dessus du canal Beagle et découvrir une petite ville logée entre les montagnes et l’eau. Atterrir dans un tout petit aéroport avec une seule piste, située sur une presqu’île juste en face de la ville. Sortir de l’avion et être émerveillée par l’intérieur de l’aéroport, tout de bois construit. Sortir de l’aéroport face à la ville cernée de montagnes.

Ushuaïa m’a séduite instantanément ; nous a séduits tous les deux, Nico et moi. Elle est imprégnée d’une ambiance très particulière de « bout du monde ». Une atmosphère bien à elle, qu’elle partage avec la région où elle se situe, la Terre de Feu. La ville, ses environs, la végétation, les habitations nous faisaient penser aux pays nordiques de chez nous. À mille kilomètres seulement de l’antarctique, on en sent l’énergie, on en voit les couleurs. Mille teintes de bleu et de gris différentes, dans le canal Beagle, dans le ciel, sur les montagnes.

Très vite, j’ai dit à Nico que si j’étais venue ici plus jeune, avec mon sac à dos, j’y serais probablement restée. Beaucoup de gens y restent. Des Argentins du nord du pays mais aussi des étrangers. Il y a peu d’Ushuaïens « de souche ».

Nous avons débarqué au bout du monde deux jours avant Noël. Trois jours après avoir quitté le Pérou. Quelle différence entre les deux pays ! J’avais une impression de « retour à la maison » : l’Argentine, pour ce qu’on en a vu, étant beaucoup plus européenne que le Pérou. Je ressentais une sorte de soulagement. Me balader en rue était plus reposant, car moins de choses étonnantes et différentes ne titillaient mes sens.

Comment décrire Ushuaïa ? En énumérant les choses qui se sont imprimées en moi. Les lupins de toutes les couleurs, dans les jardins et au bord des routes, les chèvrefeuilles (je vous rappelle que nous sommes en été ici), les rues en bosses. Non, pas en pente. En bosses. Les rues perpendiculaires au canal Beagle montent très fort, puis descendent un peu, puis remontent très fort. Les parillas (barbecues) dans absolument tous les jardins, les vieilles voitures toutes cassées garées un peu partout, les chiens, les gens qui boivent leur maté en rue et les caracara chimango pas peureux pour un sou, qu’on croisait partout où on allait.

À Ushuaïa, on sent la présence encore très forte de ses anciens habitants, décimés par les européens venus chasser les baleines et chercher la richesse. Les Selk’nam, habitant la terre, et les Yagans, habitant l’eau et les rivages. Ils vivaient dans la région depuis plus de 6000 ans, extrêmement bien adaptés a climat changeant et difficile de la région. Très résistants au froid, ils n’étaient que très peu vêtus. Ils vivaient de la pêche, la chasse, la cueillette et le ramassage de crustacés.

C’est à Ushuaïa, dans notre chaleureuse petite maison, que nous avons fêté Noël et Nouvel-An. Après la chaleur du Pérou, Ushuaïa était l’endroit idéal pour nous donner un petit air d’hiver, même si ici nous sommes en plein été. Le chauffage est resté allumé tous les jours et certaines nuits la température descendait proche de zéro. Idéal pour les fêtes de fin d’année ! Pour Noël, les filles ont choisi à l’unanimité de manger des crêpes. D’abord des crêpes salées puis des crêpes sucrées pour le dessert. Elles se sont occupées de la décoration et de la table. Nico a fait le repas. Et pour la veillée du 31 décembre, que nous avons fêtée à l’heure de la Belgique, donc quatre heures plus tôt que les argentins, Nico nous a cuisiné un succulent steak sauce archiduc avec des pommes duchesse. Le premier janvier, pour le goûter, nous avons invité nos hôtes à manger un bout de tarte au chocolat maison avec nous. Un chouette occasion de rencontrer des argentins !

Nous avions loué notre petite maison pour une semaine d’abord, et nous avons rapidement décidé de prolonger le séjour d’une deuxième semaine. Puis, ne trouvant aucun logement ni de voiture à louer à notre étape suivante, El Calafate, nous y avons ajouté une troisième semaine. Trois semaines au même endroit ! C’est la première fois que nous faisons cela. Quelle joie lors de la prise de cette décision ! Mais dès le lendemain, le 7 janvier, Nico et moi nous sommes sentis malades. Nous avons eu un gros, gros rhume avec maux de tête et courbatures qu’on a mis plusieurs jours à dépasser. Moi, j’ai mis plus d’une semaine. Je pense que c’était le covid, épuisée comme j’étais, même si le test que j’ai fait s’est avéré négatif. Margaux, elle, a eu de la fièvre pendant une seule journée. Éline a eu un gros rhume une semaine avant nous. Et Lucie rien du tout ! C’est ça aussi, le voyage. Parfois on tombe malade. Et comme en Belgique, on met tout en pause pour se donner le temps de récupérer. Pas évident, sans relais pour nous aider à nous occuper des enfants.

Cela ne m’empêche pas de garder des souvenirs émerveillés de la Terre de Feu et d’Ushuaïa.

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