Après les plaines et les montagnes patagonnes, direction : la côte ! Depuis qu’on parle de partir en année sabbatique, cette côte, et en particulier la très connue Peninsula Valdés, nous en rêvons. Surtout moi. Il faut dire qu’elle est connue pour sa faune exceptionnelle et ses orques, mon animal préféré : le plus beau, le plus grand et le plus intelligent des dauphins. La péninsule, c’est même le seul endroit au monde où les orques ont appris à s’échouer sur le rivage pour attraper des bébés lions de mer, tout en réussissant à retourner à l’eau juste après. Un spectacle impressionnant dont j’ai lu des récits et vu des photos et reportages depuis que je suis petit.

Bref, la péninsule faisait rêver et nous y sommes donc allés pleins d’espoir (car mes espoirs étaient communicatifs) d’y voir, pour la première fois de ma vie, des orques. Spoiler alert : on n’en a pas vus !

Mais commençons par le commencement. Avant d’arriver à la côte, il fallait traverser le pays d’Ouest en Est. Et, comme on vous l’a déjà dit, les distances ici ne sont pas celles de la Belgique. On a donc réitéré l’expérience péruvienne du bus de nuit qui, somme toute, n’était pas si mauvaise : on dort peu et mal, mais le temps passe et ça roule. Et de fait, on a peu et mal dormi, mais après une longue nuit (départ avec 1h30 de retard, quelques détours inattendus et une voisine qui changeait de place tout le temps) nous étions arrivés à Trelew.

Trelew, c’est la capitale des dinosaures de la province du Chubut. Il faut savoir qu’on trouve plein de dinos en Patagonie : le temps, les changements tectoniques et les sédiments se sont combinés ici dans un mélange parfait pour conserver des fossiles… et les faire ressortir aujourd’hui (nous avons peut-être aussi des bonnes couches sédimentaires pleines de dinos en Belgique, mais inaccessibles). C’est ainsi qu’on a découvert, en 2008, près de Trelew, le plus grand dinosaure du monde : le Patagotitan Mayorum – 40m de haut. En plus, c’est l’une des espèces dont on a trouvé le plus grand nombre d’os. Une petite merveille, donc, dont ils sont très fiers ici. Voyez la photo où nous posons devant la reconstitution pour vous faire une idée de la taille…

Après avoir pris notre voiture de location – nous avons définitivement enterré l’idée de s’en sortir en transports en commun en Argentine – et visité le musée de dinos à Trelew, nous avons pris la direction de Puerto Madryn (prononcez Mádryn, pas comme nous !) pour notre première étape sur la côte, mais pas encore sur la péninsule Valdés. Nous y avons trouvé une petite maison très sympathique, à trois quadras de la plage. On fait nos courses, on s’installe. On reprend nos habitudes. Un peu de math pour les enfants, deux jours de travail pour moi. Mais nous avons ponctué ce séjour de deux sorties assez exceptionnelles : nous avons fait du snorkling (nage libre avec masque et tuba) avec des lions de mer ! La première sortie fût surtout un apprentissage pour des filles : combinaison, tuba, nage libre… il fallait s’habituer, ce qui fait que la première sortie nous a semblé trop courte. On a donc remis le couvert (en négociant un prix) pour pouvoir refaire une sortie, qui, elle, fût nettement plus fructueuse. Tout le monde a l’aise : ça nous a tous permis de bien observer les lions de mer à quelques mètres, parfois quelques dizaines de centimètres de nous. On retiendra surtout la proximité avec les plus jeunes dans la « piscine des bébés » ou l’observation prononcée dont nous faisions l’objet de la part des adultes. Certains restant quelques minutes en-dessous de nous à nous regarder flotter au-dessus. Bref, une belle expérience.

Nous sommes ensuite allés à Puerto Piramides, le seul village au sein de la Pénisule Valdés. Il faut vous imaginer la péninsule : 3600 km² (soit la grandeur de la province de Namur, 1/8e de la Belgique environ !) et un seul village (Puerto Piramides, donc) de 500 habitants et 2000 touristes par jour à la saison des baleines franches (de juin à septembre) ! Dans le reste de la péninsule, seulement quatre points d’intérêt indiqués sur la carte, dont 2 fermés depuis le covid. Le reste ? De la pampa à perte de vue, répartie entre quelques estancias (productrices de laine mérino), et des guanacos, des nandous, des armadillos et des martinetas.

Puerto Piramides, c’est rigolo. C’est décoré avec des baleines partout (cafés, restos, tours opérateur, kioskos, école, …). Il n’y a qu’une rue, à peu près, et tout est minuscule : la police, les pompiers, l’hôpital. Ils ont probablement le plus petit magasin de fruits et légumes du monde. Et la plus petite banque. Nous logions là, dans une maison louée – sans doute la plus grande et la plus chic que nous ayons eu jusqu’à présent. Ce fût donc notre point de chute pour les cinq nuits et quatre jours sur place. À nouveau, un peu de math, deux jours de travail pour moi, un peu de plage et surtout, deux belles sorties.

Pour observer les animaux, il y a deux points sur la péninsule (les autres étant fermés, comme j’avais mentionné). Et ils sont évidemment de l’autre côté de la péninsule. On ne peut pas faire plus loin. Près de 90 km sur une piste de gros cailloux (on reste en Patagonie !) pour atteindre Punta Norte, connue pour ses orques. Nous y sommes allés deux heures avant la marée haute, comme conseillé. Nous n’avons pas vu d’orques, mais bien leur repas : des colonies de lions de mer (les plus belles des otaries), quelques éléphants de mer (les plus gros des phoques) et un manchot, sans doute égaré. Le tout sous un soleil magnifique qui donnait des couleurs somptueuses au paysage. C’est donc bien après la marée (et l’espoir de voir des orques) que nous sommes repartis. Non sans avoir pique-niqué sur place en compagnie charmante de deux tatous qui avaient là leurs habitudes.

Mais dix minutes après le départ, v’la-t-y pas que la voiture s’arrête en pleine course. Plus moyen de rien faire. Panne. En plein milieu de la pampa. Sans aucun réseau. Mais rassurez-vous, il y avait du passage. Il n’a pas fallu longtemps pour que des Argentins, aussi aimables que ce qu’on a déjà pu dire, nous aident. L’un pour ramener Steph à Punta Norte afin d’appeler du secours (pendant que je restais sur place avec les enfants). Quelques autres pour nous proposer leur aide. Un autre encore pour me donner son aide presque de force et me dire qu’il va recharger ma batterie, alors que la batterie allait très bien : je roulais au moment de la panne. Après avoir placé les câbles et rechargé la batterie, mais évidemment sans aucun effet, il est parti chercher Steph. Et il est revenu, en effet, avec elle, et il nous a remorqués, avec son gros pickup, jusqu’à Punta Norte où il était plus malin de laisser la voiture.
Par radio (il n’y a pas de réseau là non plus), les gardes du parc ont prévenu l’agence de location de voiture. Et nous avons trouvé, en moins de cinq minutes, deux voitures pour nous ramener à Puerto Piramides. Quand on vous disait que les Argentins sont gentils…
Nous étions de retour à peine après l’heure du goûter ! Nous avons donc profité du meilleur glacier patagon pour nous remettre de nos émotions : des palettes double chocolat fourré au dulce de leche ! Un délice.

La deuxième sortie, à Caleta Valdés, fût tout aussi lointaine et caillouteuse. On y a vu aussi des lions et des éléphants de mer. Mais cette fois, nous avons aussi vu une pingüinera avec des dizaines de manchots de Magellan qui creusent leurs nids dans le sol (et ils ressemblent comme deux gouttes d’eau aux manchots du cap que j’ai vus en Afrique du Sud – coucou Emmanuel !). Ils sont super marrants, ces manchots ! Dommage qu’on ne puisse pas mettre de vidéos sur ce blog (c’est trop lourd) parce que ce serait beaucoup plus parlant que les quelques photos ci-dessous ! Nous gardons les vidéos pour les victimes parmi vous qui viendront manger chez nous peu après notre retour 😉 Comme nous étions là, nous avons quand même été voir une autre curiosité de la péninsule : une saline, à -23m d’altitude. Elle faisait partie des points « fermés » depuis le covid mais on avait oublié. Alors on est allés quand même 🙂

C’est donc émerveillés par cette magnifique nature, une fois de plus, que nous repartons vers d’autres cieux, même s’il y a une pointe de déception de n’avoir pas vu d’orques. Mais les chances étaient minimes et on le savait : on était encore un peu tôt dans la saison, les orques ne viennent pas tous les jours et ils ont une centaine de kilomètres de côtes pour chasser et seulement deux points de vue pour les observer… Certains, dit-on, sont restés un mois sans les voir. On s’est promis que, quand on aura notre propre camper van, on ira en voir en Norvège !

En repartant de la péninsule, pour aller vers les chutes d’Iguazu, nous nous sommes rendus compte que nous quittions la Patagonie après deux mois sur place ! Comme en quittant le Pérou, une petite peur s’installe : est-ce qu’on sera aussi bien ailleurs ?

En tout cas, la Patagonie nous a dit au revoir avec un gros manteau nuageux et de la pluie bien belge, la seule depuis qu’on a quitté Ushuaïa !

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