Après nos deux semaines en camper van le long de la ruta 40, nous avons passé 2-3 jours à Esquel, toujours du côté andin de la Patagonie, dans une très jolie et agréable petite maison avec un jardinet à l’avant. Une maison avec une âme. Chaleureuse, avec des plantes, de la décoration, des tapis, une vieille bibliothèque – les filles ont dévoré les livres de photos sur les animaux. C’était une maison de fée. Evelyn, la femme qui s’occupait de la location, y avait grandi avec ses deux sœurs et son frère. Sa maman, Sylvia, tout aussi charmante qu’Evelyn, habitait une maison plus petite juste derrière la nôtre, sur le même terrain. Le magasin de fleurs et de plantes à gauche de la maison avait un jour été un salon de thé tenu par Sylvia, passionnée par ses origines galloises. Deux de ses grands-parents étaient gallois. À Esquel, Trevelín (que nous avons visité) et bien d’autres villages Argentins, il y a un fort héritage gallois. On y parle même encore le gallois.
Après les quelques jours à Esquel, nous avons pris un bus de nuit pour traverser la Patagonie d’ouest en est vers la côte Atlantique, jusqu’à Trelew. À la gare de bus à l’arrivée, nous avons pris une voiture de location pour 10 jours. Nous avons rejoint Puerto Madryn, où nous avons loué une cabaña au joli nom de El Canto de la Ballena, Le chant de la baleine.
El Canto de la Ballena se situe dans un quartier résidentiel, dans lequel il y avait aussi quelques commerces de proximité : une épicerie, une boulangerie-pâtisserie, une charcuterie, une pharmacie. J’ai pris beaucoup de plaisir à faire nos courses là plutôt qu’au supermarché. C’était chaque fois l’occasion d’une petite balade et d’échanger avec l’une de mes louloutes qui m’accompagnait. Et le top du top, c’était d’aller acheter du pain frais le matin, avant le petit déjeuner.
Puerto Madryn se situe le long d’une longue et grande plage qui nous a fort fait penser à celle de Westende, sans les moches buildings. Ici, des bâtiments de quatre étages maximum. Une rangée de dunes avec oyats avant d’accéder à la plage. Et du sable fin, exactement comme chez nous.
Ce que nous avons fait à Puerto Madryn, à part fêter l’anniversaire de Margaux, se reposer et passer quelques moments à la plage ? Et travailler, en ce qui concerne Nico ? Nager avec les otaries ! On a tellement aimé, tous les cinq, qu’on a refait la même excursion une deuxième fois, deux jours après la première. Pour nos louloutes, la première excursion était un apprentissage du snorkeling. Elles n’avaient jamais nagé en combinaison, avec des palmes, un masque et un tuba. La seconde sortie leur a donc permis de mieux en profiter que la première.
C’est incroyable, le contact avec des animaux sauvages ! C’est chaque fois un cadeau de les voir, et encore plus de pouvoir les approcher. Les otaries, si elles le voulaient, pouvaient venir vers nous, mais elles avaient le choix. Elles pouvaient tout aussi bien ne pas venir. Alors quel cadeau d’en apercevoir une passer comme une flèche juste en-dessous de moi. Puis deux autres jouer ensemble un peu plus loin. La cerise sur le gâteau, à laquelle j’ai eu droit les deux fois, c’est une otarie qui venait tout près de moi, juste en-dessous, et restait là à me regarder de ses grands yeux. Elle nageait en se retournant sur elle-même pour rester sur place. Cet échange de regards, je ne l’oublierai pas. C’est très intense.
Après Puerto Madryn, nous sommes allés passer cinq jours sur la péninsule Valdés, juste au nord. Cette grande péninsule qui fait 1/8e de la Belgique est très connue grâce a sa faune marine. Chaque année pendant l’hiver austral, les baleines franches australes viennent mettre bas dans ses deux énormes criques bien protégées. Les orques d’ici ont une technique de chasse bien à elles, unique au monde, pour attraper les otaries. Il y a aussi des dauphins. Sur cette péninsule qui fait quand même la taille de toute une province chez nous, il n’y a qu’un seul village de 500 habitants. Village qui est habitué à recevoir énormément de touristes, Puerto Piramides. Nous y avons loué une magnifique maison rénovée avec goût, qui s’appelait « serendipia ». Serendipity, c’est un mot que je connaissais déjà en anglais et que j’affectionne particulièrement. Selon le wiktionnaire , la sérendipité est la « capacité cognitive à trouver, à découvrir (à la suite d’un incident éventuellement malheureux) ce que l’on ne cherchait pas, d’en comprendre l’intérêt et la valeur et de changer illico de stratégie. »
J’ai adoré Puerto Piramides !!! Il y a tout, mais en mini, et tout dans la même rue : un mini hôpital, un mini commissariat, une mini caserne de pompiers, une mini église, un mini magasin de fruits et légumes (mon préféré), une mini banque, un mini supermarché, El viejo almacén. Et une heladería, un magasin de glaces… à tomber par terre !!! Il règne à Puerto Piramides une ambiance de bout du monde. Un peu comme à Ushuaïa, mais différent, car le climat et la végétation sont différents.
Toute la péninsule est recouverte d’une végétation sèche et basse : des buissons, des touffes d’herbe. On a traversé ces énormes étendues à deux reprises pour aller observer la faune : otaries, éléphants de mer, manchots. On espérait voir des orques, mais malheureusement, elles n’étaient pas au rendez-vous. En chemin, on a aussi croisé des guanacos, des tatous, des moutons (élevés pour leur laine), des nandous et des martinetas, des « petites Martines » comme disent les filles. Ce sont de rigolotes sortes de cailles avec une houpe sur la tête. Des tinamous élégants en français.