À deux jours près, cela fait six mois que nous sommes sur les routes d’Amérique du Sud. Nous étions arrivés à Lima le 24 septembre. Ça me semble être il y a une éternité ! Fin décembre, après trois mois de voyage, j’avais déjà fait un article « bilan ». Je vais écrire celui-ci sans relire le précédent, pour ne pas être influencée. Je le relirai après. Si je tombe sur des contradictions, je les reprendrai à la fin de cet article.

Six mois déjà… Plus de la moité du voyage, puisque nous serons partis en tout dix mois et demi environ. On verra, ça dépendra de notre date de retour, qui n’est pas encore fixée.

Que dire ?

Le temps s’est accéléré

Au début du voyage, le temps ne passait pas vite. Après trois mois, nous avions l’impression d’être déjà partis six mois. Nous avions découvert, visité, rencontré, admiré une tonne de choses incroyables en finalement peu de temps. Nous n’en revenions pas de toutes ces aventures. Et, je le redis, nous n’avions pas du tout l’impression de courir, comme certains d’entre vous en avaient l’impression.

Par contre, depuis janvier, le temps passe à une vitesse folle. Février est arrivé sans que je voie passer le mois de janvier. Puis le lendemain, on était déjà en mars et maintenant, nous voilà aux portes d’avril. Nico a la même impression que moi. Que s’est-il passé ? Depuis janvier, notre rythme de voyage est beaucoup plus lent qu’avant, au Pérou. Nous restons plus longtemps aux mêmes endroits et nous visitons beaucoup moins de choses. Est-ce pour cela ? Si j’avais dû parier, j’aurais dit qu’avec un rythme plus lent, le temps passerait plus lentement aussi. Il y a peut-être une autre raison, alors. Si vous avez une idée, n’hésitez pas à nous la partager.

Nous sommes plus en harmonie

Sur la deuxième moitié des six mois de voyage, quelque chose s’est apaisé dans les relations entre nous cinq et dans l’ambiance familiale. Je me souviens que je vous avais partagé comme c’était dur d’entendre les filles (surtout nos deux grandes) se plaindre sans arrêt. Et se disputer. Maintenant, rien de particulier à signaler.

Enfin si, beaucoup de beau. Depuis les deux semaines en camper van en Patagonie, il n’y a plus eu ces disputes incessantes. Alors non, nos filles ne sont pas devenues des bisounours et heureusement ! Elles se disputent encore, et c’est très bien comme ça. Les disputes de maintenant me semblent normales et ne me dérangent pas du tout. J’ai une énorme joie de voir mes deux grandes s’entendre de mieux en mieux et rigoler ensemble. Margaux, elle, s’entend plutôt bien avec tout le monde, même si elle aime parfois faire marcher ses grandes sœurs.

Pour être tout à fait juste, je pense que nous avons tous évolué. Éline et Lucie ont peut-être appris à s’apprécier malgré leurs différences, mais moi j’ai appris à moins me formaliser devant leurs disputes. Nico a appris à être plus patient. Ce qui fait qu’au total, l’ambiance s’est adoucie.

Une certaine fatigue

Personnellement, je ressens une certaine fatigue depuis quelques semaines. Pas une lassitude ni un « j’en ai marre, je veux rentrer ». Non, du tout ! J’ai encore à découvrir, à apprendre et à évoluer dans ce voyage, j’en suis certaine. Et j’en ai envie !

C’est plutôt une accumulation de fatigue que j’explique par notre mode de vie nomade (clin d’œil spécial à Sabine : tu as vu ? Je n’ai pas mis de guillemets à « nomade » 🙂 Bouger souvent, s’adapter à chaque nouveau logement, chaque nouveau quartier, changer de lit, de cuisine, de salle de bain. Puis l’organisation très difficile en Argentine, tant pour la réservation de logements que pour l’obtention d’argent en liquide.

Pour moi, il y a aussi le fait d’être entourée de quatre autres humain(e)s quasi 24h sur 24, aussi fabuleux ces autres humain(e)s soient-elles. Je les adore ! Mais je me rends compte à quel point j’ai besoin d’être seule par moments. Seule-seule, en silence. Dans mon monde, dans mes idées, mes rêveries. À Braine-l’Alleud, cela m’arrive très souvent sans que je le cherche : sur le chemin du retour d’être allée conduire les filles à l’école ; pendant qu’elles sont à l’école ; quand Nico est au boulot ; quand je travaille à préparer une séance doula ; quand je prends la voiture pour aller à un rendez-vous doula ; quand le vais chercher les filles à l’école, etc. Ici, cela m’arrive très peu souvent. Et quand ça arrive, ce n’est en général pas pour longtemps.

Mais attention ! Loin de moi l’idée de me plaindre ! J’ai choisi ce voyage et je le re-choisis chaque jour. Je suis persuadée que c’est une immense richesse humaine que nous nous offrons à nous-mêmes.

Que faire avec cette fatigue ? Nico et moi ressentons tous les deux le besoin de ralentir le rythme encore un peu plus. Nous avons autant à découvrir, je crois, à l’intérieur de nous-même qu’à l’extérieur. Et les découvertes intérieures demandent plus de lenteur.

Qu’est-ce que j’ai appris ?

Beaucoup de choses, que je ne pourrais citer toutes ici. J’ai appris que l’énorme majorité des gens sont accueillants et bienveillants, et que nombre d’entre eux sont même carrément adorables, quel que soit leur pays d’origine. Que les « étrangers » cessent d’être des étrangers à partir du moment où on échange avec elles/eux et qu’on partage quelque chose, ne fut-ce que quelques mots. Que la nature est belle et diverse à en couper le souffle et qu’elle m’apaise beaucoup. Que je pourrais rester des heures rien qu’à être là, à la regarder, la sentir, l’écouter. J’ai envie de ne pas oublier ce besoin de contact avec le nature quand je serai de retour en Belgique.

J’ai appris à mieux connaître et apprécier chacune de mes trois louloutes, chacune avec ses particularités, ses forces, ses sensibilités et ses petits défauts. À force de les côtoyer de manière si intense, j’ai l’impression de sentir mieux les besoins de chacune de manière personnelle, dans la sororie (féminin non officiel de « fratrie ») et dans la famille. Je comprends mieux leurs raisons quand elles sont énervées et je prends de plus en plus de plaisir à passer du temps différent avec chacune d’entre elles, à faire à deux des choses qui les intéressent.

Lucie en particulier adore m’accompagner, ou accompagner Nico, pour faire les courses. C’est un chouette moment de partage rien qu’avec elle. Elle adore aussi les moments en famille à cinq, par exemple quand on joue à un jeu de société ou quand on prend un apéro tous ensemble. Éline a une sensibilité très fine et artistique. Nous aimons regarder ensemble des vidéos de Jonna Jinton ou de TheCottageFairy qui toutes les deux créent de la beauté et de la magie dans leurs vidéos. Ou observer les petits détails de la nature : insectes, coquillages, fleurs et cailloux. Margaux, elle, aime jouer, bricoler et faire des câlins (quand c’est le bon moment pour elle).

J’apprends également beaucoup de choses sur moi-même. Voyager n’est clairement pas, pour moi, une fuite de moi-même, car je me trouve face aux mêmes difficultés et interrogations qu’en Belgique. Disons qu’ici, j’ai un bon terrain pour les travailler et les dépasser. Je n’y suis pas encore. Je n’y serai probablement jamais tout à fait, ce qui finalement est bien car cela me permettra de cheminer toujours plus, pendant toute ma vie.

Ce dernier point n’est pas vraiment un apprentissage, mais plutôt une confirmation : voyager élargit mon espace, me donne des ailes invisibles pour aller toucher ce qui est physiquement loin de chez moi. En rentrant en Belgique, j’espère garder les ailes, pour garder cette ouverture sur le monde et une capacité à relativiser.

Je viens de relire le « bilan » des trois mois

C’est éclairant ! Bien des choses ont changé, depuis. Il me semble qu’à ce moment-là, le voyage était plus intense et plus chaotique.

J’ai envie de revenir sur une idée que j’ai écrite dans cet article :

« Comment prendre racine dans la difficulté pour pousser vers la lumière et la transformer en enrichissement pour toute la famille ? Après trois mois de voyage commun, ma réponse du moment est : prendre soin de MOI !!! Ma conviction : pas de famille épanouie sans couple de parents épanoui. Et pas de couple de parents épanoui sans deux individus épanouis. »

Je n’ai pas réussi, comme je l’avais espéré, à maintenir mon rituel de yoga quotidien de janvier à mars ; je n’ai pas réussi à aller dormir plus tôt en moyenne. Mais j’ai plus écrit et dessiné. Je suis restée consciente de mon besoin de prendre soin de moi. Et j’ai repris le yoga le matin depuis quelques jours. Aucune idée quelle influence cela a sur le reste de la famille, mais tout ce que je sais, c’est que je suis en chemin, que je vais dans la bonne direction, que nous sommes tous en chemin et que ça fait du bien.

Rendez-vous dans trois mois pour un nouveau bilan ! 😉

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