J’ai toujours pensé que je n’étais pas du genre frileux. Hiver comme été, je me balade en short. Hiver comme été, Steph et moi dormons la fenêtre ouverte. J’aime beaucoup aller me promener une journée entière dans la neige. Le temps que je préfère, c’est le grand froid hivernal. Et les canicules ne sont pas faites pour moi.
Bref, comme dit Steph, j’ai sûrement du sang viking dans les veines.
Mais ce voyage me fait penser différemment.
Tout d’abord, dès notre première nuit, à Lima, le 24 septembre dernier, il a fait froid. Les enfants, à l’hôtel, ont dû sortir leurs sacs de couchage. Et tout au long du Pérou, nous avons vite appris que, même s’il fait chaud en journée, il faut prendre sa doudoune pour le soir ou pour le cas où un nuage vient cacher le soleil.
Ensuite, il y eut Llachón, petit village au bord du Lac Titicaca où nous avons logé chez Juana. Et là, nous avons senti ce que devait être la vie de nos grand-parents, sans chauffage central. Quand nous quittions la cuisine, chauffée par les feux, nous traversions la cour pour aller dans nos chambres dont la température descendait rapidement à 5 ou 6°C. Certes, nous avions les couvertures adéquates mais il fallait une bouillotte pour s’endormir et on n’osait pas se lever la nuit pour faire pipi !
Il y eut encore Humahuaca, notre dernière étape en Argentine (tout proche de la Bolivie). Où nous avons logé dans une superbe petite maison, mais super-froide ! Le sol était froid, les murs étaient froids… nous avions besoin d’une bouillotte pour dormir et, le matin, nous attendions les premiers rayons de soleil pour pouvoir ouvrir la porte de la maison, afin de chauffer un peu…
Mais c’est ici en Bolivie qu’on ressent le plus le froid et qu’on prend la mesure du confort que nous avons en Belgique.
Comme vous le verrez dans un prochain article, nous avons fait un tour de quatre jour dans le Sud-Lipez et au Salar d’Uyuni. Nous avons eu jusqu’à -12°C au petit matin, mais ce n’est pas ça qui pose problème – nous sommes équipés. En fait ce qui est dur, c’est la durée ! Il n’y a pas vraiment de moyen de se réchauffer et on n’a pas froid, on est froid, en continu, dès le début du soir jusqu’en milieu de matinée le lendemain.
En fait, si j’aime et si je supporte si bien le froid en Belgique, c’est parce que je sais que, le soir venu, je serai bien au chaud chez moi. Chauffage, feu et isolation font que nos habitations sont chaudes et agréables. Le corps peut se reposer au chaud, alors que dans le froid, il se bat continuellement.
Et je tire donc mon chapeau en particulier aux deux petits vieux qui tiennent le dernier refuge où nous avons dormi à Chuvica, au bord du Salar. L’une marchant avec une tribune et l’autre avec son bonnet en lama vissé sur la tête, ils vivent là toute l’année, dans un froid que nous supportions déjà avec difficulté pendant quatre jours.
Par rapport à eux, c’est sûr, je suis frileux. Et je pense que tous ceux qui profitent de notre confort occidental avec maisons bien chauffées le sont aussi. En tout cas, ça nous a fait imaginer ce que pouvaient être les hivers en Belgique il y a 70 ans, sans l’isolation d’aujourd’hui.
Un bémol quand même : il ne faut pas pour autant penser que les Bolivien·e·s sont des surhumain·e·s qui supportent le froid sans broncher. Non, ils sont super-équipé·e·s : toutes et tous ont des grosses vestes, des bas en laine de lama et des bonnets. Et dans le bus où j’écris ces lignes, nombreux sont ceux qui ont pris leur couverture pour le trajet.
Pour finir, je tiens juste à rassurer les membres de la Sainte Église du Bermuda (deux membres en Belgique, dont moi) : à -12°C, j’étais bien en short puisque « ce n’est pas par les jambes qu’on attrape froid ». 🙂
