Nous voici à Uyuni, après déjà 10 jours en Bolivie ! Le temps de vous faire un petit résumé de ce que nous avons fait depuis notre entrée dans ce beau pays.
Tupiza
Dès le premier jour, après notre passage de frontière à pied, nous avons pris un bus vers Tupiza, mais ça, on vous l’a déjà raconté ici. Fort de plus de sept mois de voyage, nous avons appris à prendre plus de temps. Nous nous sommes donc posés à Tupiza pour quatre jours, dans une très sympathique petite auberge de jeunesse. Quatre jours à Tupiza ? Je pense que les gens ne sont pas habitués à voir des touristes qui restent quatre jours !
Nous en avons profité pour nous reposer (et j’ai travaillé un peu, encore), pour couper les cheveux des filles et surtout, nous habituer à la Bolivie, sa monnaie, ses distributeurs de billets, ses habitudes. On s’attendait à voir un Pérou bis, mais c’est finalement assez différent, même si on a toujours l’esprit andin qu’on avait déjà retrouvé à Salta et Jujuy.
Tupiza, c’est aussi la ville où a (peut-être) vécu Butch Cassidy et Sundance Kid, deux brigands nord-américains très connus. Ils sont (peut-être) enterrés pas loin d’ici. Et si on vous parle de ces deux bandits du far-west américain, c’est aussi parce que les décors ici sont exactement ceux du far-west. Montagnes rouges, ciel bleu, cactus, grandes plaines et… chevaux ! Car oui, Tupiza a été pour nous l’occasion de se remettre une fois de plus au cheval : une longue cabalgata, et surtout une des plus belles, dans un décor de film époustouflant.
Enfin, Tupiza a aussi un gros avantage (et c’est pour cela qu’on y est venus), c’est celui d’être le point de départ de tours organisés qui passent à travers la province du Sud-Lipez et le Salar d’Uyuni, en terminant à la ville d’Uyuni. Et c’est ce que nous avons fait ! Quatre jours en 4×4, avec guide et cuisinière pour découvrir ces régions, les plus fameuses de Bolivie.
Jour 1 – départ et… panne !
Après avoir mis nos bagages sur le toit et fait la connaissance de Palermo, notre guide et chauffeur, et Guadalupe, notre cuisinière, nous sommes partis, impatients de découvrir ces régions.
Malheureusement, assez rapidement – moins d’une heure – le cauchemar des trajets en bus au Pérou reprit… Lucie ne se sentait pas bien du tout. Et quand elle ne se sent pas bien, elle fait peur : complètement absente, les yeux dans le vide, elle ne répond même plus quand on l’appelle… Nous nous arrêtons donc un moment, pour qu’elle marche un peu et prenne l’air. Et ça passe ! Palermo en profite pour remettre un peu d’eau dans le radiateur de la voiture. Et nous reprenons la route…
…pour s’arrêter quelques minutes plus loin. On ne sait pas trop pourquoi. Palermo ouvre le capot de la voiture. Et un truc explose. Plein d’eau verte (pleine d’antigel) se retrouve partout ! Panne ! Il se trouve qu’en fait, le radiateur ne fonctionne plus. Palermo va vite chercher du réseau en haut de la colline à côté de la route pour prévenir de la panne et pour qu’on nous envoie une voiture de remplacement. Il est 11h. Nous, on est contents, se dit-on, car s’il y a un problème, pour une fois, ce n’est pas à nous de trouver la solution ! Et donc on se promène un peu, on observe les oiseaux. On attend. À midi, Guadalupe ouvre le coffre, prépare un buffet et nous propose à manger. Excellent ! Avec des milanesas de pollo (équivalent de schnitzel de poulet) froides (avec mayo et ketchup), du riz, des crudités, elle a conquis le cœur des filles ! Et elle restera la meilleure cuisinière jusqu’à la fin !
Et donc nous attendons la voiture. Mais entretemps, Palermo ne chôme pas : il a démonté tout le radiateur de la voiture et me montre les 20 (!!) petits trous dans le bas de celui-ci, ce qui fait que l’eau n’y reste pas et que le moteur surchauffe. Vers 14h (3h plus tard), je lui demande si l’autre voiture arrive bientôt et il me répond que oui, bien sûr, d’ici quelques minutes. Et de fait, une autre arrive. Mais vous savez quoi ? Finalement, entre temps, Palermo a fini de réparer les trous et a remonté son radiateur. On repart avec lui ! C’est assez incroyable : chez nous, avec une panne pareille, on aurait dû appeler une dépanneuse, et laisser la voiture au garage pour 8 jours (« on attend la pièce, monsieur ! »). Ici, Palermo a tout réparé tout seul, au milieu de rien, avec deux-trois outils, un canif et de la pâte pour réparer les trous. Un monde de différence.
Bon, cela dit, on part avec environ 3h30 de retard : plus question d’arriver au point prévu pour la nuit, il nous faut trouver une route alternative et un autre refuge pour la nuit. Ainsi, après avoir visité la « ciudad del encanto« , une cathédrale naturelle faite de sable érodé par les pluies et le vent, nous arrivons après le coucher du soleil dans le village de San Pablo de Lipez. Avec une température qui a chuté à 0°C.
Nous découvrons ainsi les refuges du Sud Lipez : un grand bâtiment de plein pied, avec des chambres (style auberge de jeunesse) et une grande salle commune ou la cuisinière de chaque groupe vient mettre la table et va préparer le repas pour son groupe dans la cuisine commune. Mais chaque cuisinière amène sa bonbonne de gaz, son réchaud, ses ustensiles et ingrédients ! On a d’ailleurs eu droit à un excellent repas : boulettes sauce tomate et purée. Même que Guadalupe était vexée quand on lui disait que c’était une spécialité belge : « No, son las de (Guada)Lupe ! » Nous avons aussi acheté quelques produits en laine d’alpaga et puis dodo ! Et, malgré qu’il n’y ait aucun chauffage ni aucune isolation, nous avons néanmoins passé une très bonne nuit, avec les 3 couvertures en polaire de nos lits.
Jour 2 : Ruines, bofedales, lagunes et geysers
Le lendemain, nous partons tôt pour essayer de rattraper un peu le retard de la veille. Nous commençons par découvrir les ruines de San Antonio del Nuevo Mundo, une cité hispanique qui était très active de 1580 à 1790 environ. Des ruines impressionnantes, qui font penser à celles du Machu Picchu, mais sans aucun gardien, aucune infrastructure et à peine un petit sentier tracé pour déambuler dans les ruines. On peut y entrer, sans protections ni rien, dans une petite mine. On y trouve par terre des pointes de flèches en pierre et autres artefacts archéologiques… et des viscaches, une sorte de croisement entre un lapin, un kangourou et un chat. Un vrai pokémon.
Nous sommes ensuite entrés dans le Parque Nacional de fauna andina « Eduardo Avaroa ». Et là, nous avons enchaîné les paysages bluffants : vue sur le volcan Uturuncu derrière la laguna Morijon, des bofedales (des sortes de marais alimentés par de l’eau souterraine, pas par des rivières), les lagunas Hedionda sur et K’ollpa (prononcez « choïpa », avec le « ch » prononcé à la flamande – cela signifie pierre d’alun en quechua), un premier salar appelé Chalviri, des dunes de sables (comme on se l’imagine dans le rallye Dakar), le desierto de Dali ainsi que, au point culminant de notre voyage à plus de 4900m d’altitude, des geysers fumants, signe d’activité volcanique.
Nous sommes alors arrivés, dans le noir, à la laguna colorada, près de laquelle il y avait notre refuge pour la nuit. À nouveau, nous avons débarqué nos affaires ainsi que celles nécessaires pour la cuisine (y compris gaz, réchaud et tout). Après la merienda (le goûter) servie fort tard (vers 18h30), on enchaîne avec le repas (du pica lo macho – des frites avec des saucisses et des légumes cuits) et avec la nuit, toujours aussi froide. Cette fois, on a quand même demandé de remplir des bouteilles d’eau chaude afin de nous faire des bouillottes, bien utiles par ce froid continu.
Jour 3 : lagunas, arbol de piedra et… le salar
Le lendemain, les paysages incroyables du Sud Lipez ont continué à nous enchanter malgré un départ à -12°C. Ainsi, nous avons vu la laguna colorada (juste à côté du refuge) avec plein de flamants. On ne sait pas encore si ce sont des flamants andins, chiliens ou « de James » (on doit encore analyser les photos de près pour conclure) mais on sait déjà que ce ne sont pas des flamants roses qui, eux, ne vivent qu’en Afrique, un peu en Europe et en Asie.
S’en suivirent encore le désert de Siloli, où nous avons vu un arbol de piedra (arbre de pierre) et, plus généralement, des pierres aux formes très particulières, sculptés par le vent, la pluie et le sable. Et puis encore quelques lagunes (K’ara, Cachi et Negra) garnies de nombreux flamants (à nouveau, espèce précise à déterminer). Et une belle vue vers le volcan Ollaguë dont on voyait des fumerolles sortir. Le tout en passant par plusieurs déserts, où nous passions sans forcément rouler sur une piste. Assez incroyable.
Puis, nous sommes sortis de la région, en traversant encore un petit salar (celui de Chiguana), avant d’enfin arriver près du fameux salar, celui d’Uyuni. Nous sommes allés nous installer à Chuvica, petite localité logée le long du salar, qui propose le même genre de refuge, mais cette fois… construit en sel ! Oui, les murs, les tables, les tabourets et même les lits sont en sel. Le sol, quant à lui, est recouvert de gros sel et je pense qu’en dessous, c’étaient des blocs de sel (on a gratté pour voir, mais pas trop pour ne pas abîmer). Mais cette fois, avant de manger, nous sommes ressortis pour voir le coucher du soleil sur le salar, l’occasion de faire quelques beaux clichés, car le salar à cet endroit est recouvert d’une fine couche d’eau qui fait miroir.
Le soir, nous avons reçu un apéro, du vin pour accompagner notre dernier repas chaud du tour, des spaghettis à la bolognaise. Le tout dans une bonne ambiance, avec les autres touristes du refuge. De nouveau une nuit bien froide. Et de nouveau, des bouillottes pour nous aider à nous endormir…
Jour 4 : le salar d’Uyuni
Pour le dernier jour, il est proposé de se lever à 05h45 pour aller voir le lever du soleil. Seule Steph a eu le courage d’y aller, car les enfants étaient trop fatigués et moi, j’étais un peu malade. Mais après son retour et le petit déjeuner, nous sommes partis dans le salar.
Grande impression ! Au début, nous étions dans la partie humide, recouverte d’une pellicule d’eau et sur laquelle on ne peut pas rouler à plus de 30 km/h. Ensuite, sur la partie sèche, on y va à 90 km/h ! Mais c’est un sentiment très particulier de rouler dans ce salar. Pas seulement de le voir, mais d’être dedans. Car ce salar n’est pas petit : 12.000 km², soit plus d’un tiers de la Belgique ! Et rouler à travers tout, comme ça, sans aucun repère proche, c’est un sentiment très particulier. Du blanc, du blanc (plus blanc que blanc) et seuls quelques sommets au loin, à plus de 40 km.
Mais au milieu de ce désert blanc, une île : l’île Incahuasi (soit, la maison de l’Inca en quechua) : un rocher couvert de cactus et peuplé d’oiseaux. La légende dit qu’un inca chassé y est venu vivre, mais on n’y croit pas trop : la terre la plus proche est à 40 km. Pas facile pour faire ses courses à pied ou en lama.
Nous sommes repartis de l’île pour rouler vers Uyuni. Avec un arrêt repas, et surtout, un arrêt pour faire les fameuses photos du salar, que vous trouverez dans un autre article.
Bien crevés par ces quatre jours, nous sommes repartis du salar pour atterrir à Uyuni, où nous avons eu le plaisir de trouver une petite auberge sans prétention, mais extrêmement sympathique et propre, avec des hôtes accueillants et très serviables, et des lits en sel (comme partout ici). Et surtout, surtout, une douche chaude et avec de la pression ! Bref, tout ce qu’il fallait pour se réchauffer. Et ça, ça a fait du bien !
À Uyuni
À Uyuni, nous nous sommes surtout reposés. Et nous avons aussi continué nos observations de la vie bolivienne : comedores, street food et visite du marché. Puis, nous sommes allés voir le fameux cementero de trenes, le cimetière de trains, où on laisse rouiller, depuis 150 ans, des locomotives et wagons de toutes tailles et de toutes formes. Au milieu du désert, cela donne plutôt bien sur les photos ! D’autant que c’est en accès libre et qu’on peut grimper, sauter et découvrir tous les recoins de chaque carcasse.