Après les paysages de Bolivie, voici les villes ! En effet, après l’entrée en matière plutôt « nature » au Sud du pays, nous avons passé quelques jours dans les deux capitales de Bolivie : Sucre, la constitutionnelle et La Paz, l’administrative.
Sucre, le berceau de la Bolivie
Sucre est une très belle ville. Style coloniale, avec tous des bâtiments blancs (dans le centre). Elle nous a d’ailleurs fort fait penser à Arequipa, la ville blanche du Pérou. On y retrouve aussi une vie trépidante, pleine de voitures et d’animation.
Comme on vous l’a déjà dit, nous avons calmé le rythme : nous ne sommes plus au Pérou, dans les premières semaines de voyage. Sucre, on y est donc restés pour se reposer, « sentir » la vie bolivienne et ne pas trop faire. Du coup, côté activité, on s’est limité.
Tout d’abord, nous avons été au musée crétacique Cal Orck’o. Cal Orck’o, c’est une découverte archéologique majeure, faite par hasard (comme presque toujours). Après un grand tremblement de terre dans les années 60 à Sucre, les autorités municipales ont décidé d’autoriser l’exploitation d’une carrière de ciment, pour aider la ville à se reconstruire. Or, il se trouve qu’après quelques années d’extraction, la cimenterie a mis à jour des traces de pas de dinosaures. Mais pas juste quelques traces. Non, des milliers de traces ! En fait, on voit aujourd’hui un mur vertical impressionnant, d’environ 500m de long sur 100m de haut, recouvert de traces bien visibles. Au crétacé, il y a 68 millions d’années, ce mur était horizontal et au bord d’un lac, ce qui fait que les dinos, en allant boire, laissaient beaucoup de traces dans la boue. En séchant, celle-ci les a conservées jusqu’à aujourd’hui ! Les enfants ont beaucoup apprécié, car, à côté du mur, il y a toute une exposition sur les dinos avec reconstitutions, jeux et films. Sans compter le guide hyper-enthousiaste qui était tout fier de nous faire la visite, car il prenait des cours de français.
Ensuite, nous avons visité un musée sur l’art folklorique bolivien. La première partie, soyons francs, était peu intéressante, car il y avait très peu d’explications. Mais quand nous allions sortir, un guide est apparu, comme par magie, pour nous inviter à une autre exposition, que nous n’avions pas vue, au deuxième étage. Et là, avec ses explications, ce fût nettement mieux ! Ce qui est drôle, c’est que cette exposition parlait des ekekos, ces petits dieux de la maison et de l’abondance. Ils sont représentés sous forme de petits bonshommes (et depuis peu et la révolution féministe, aussi sous forme de petite femme) qui porte vraiment plein de choses : argent, maison, voiture, panier de fruits, instruments de musique, etc. Le rituel autour de ce petit dieu est de lui offrir, en miniature, l’objet de son désir. Et l’exposition, justement, montrait des exemples d’offrandes miniatures, en fonction des époques : ça peut être un billet de lotto gagnant, une maison, une voiture, un billet d’avion pour la Floride, une cuisinière ou un blender, un carnet de mariage si on veut se marier, un diplôme avant les examens, un ordinateur, des billets de banque pour être riche, des actes de naissances pour avoir un enfant, des vêtements, etc. Voire même, depuis 2020, des carnets de vaccination Covid-19 ou des tests PCR négatifs, si c’est ce qu’on veut le plus ! Ils innovent chaque année en fonction des besoins !
Il existe même une semaine spéciale où tous les artisans viennent vendre leurs miniatures pour que les gens puissent les offrir à leur ekeko. En tout cas, moi, ça me parlait particulièrement car, depuis que je suis tout petit, nous avions, à la maison, un petit ekeko en métal de 5cm de haut, ramené par Papa lors d’un de ses voyages en Amérique du Sud.
Nous avons également visité la Casa de la Libertad, la maison où fût signée la déclaration d’indépendance par Bolivar, Sucre et leurs comparses – à ce sujet, je vous suggère l’excellente vidéo de Nota Bene sur Bolivar. C’est pourquoi Sucre est la capitale constitutionnelle et le berceau de l’état Bolivien. On notera qu’en Bolivie, ils n’hésitent pas à mettre en valeur également des femmes (bon, une femme en particulier) mais aussi des indigènes, acteurs et actrices de l’indépendance. Ils et elles ont aussi droit aux honneurs des grands tableaux officiels ! Ce n’est pas chez nous qu’on re-décorerait les palais pour y inclure plus de féminité. On voit qu’il y a un vrai travail de mémoire ici en Bolivie, spécialement depuis la nouvelle constitution, qui date de 2009 (sous l’ère d’Evo Morales) et qui a ajouté au drapeau traditionnel de Bolivie un deuxième drapeau, le whiphala, aux nombreuses significations, mais qui signifie ici l’union des peuples (sous-entendus : indigènes).
Enfin, Sucre, fût l’occasion de découvrir… un rallye automobile. Le genre de truc qu’on aurait jamais vu autrement, tant cela ne nous intéresse pas. Mais là, c’était un rallye qui passait en plein centre ville, et dont le départ se faisait sur la grand place, à deux quadras de notre auberge de jeunesse. Du coup, on est allés voir. Et ce fût une expérience ! Nous y avons vu tous les clichés des sports moteurs, qu’on retrouve ici comme chez nous : les pilotes bourrés de testostérone qui font les malins avec leur moteur ; les femmes-potiches à demi-habillées qui mettent les véhicules « en valeur » (l’occasion de discuter du rôle de la femme dans nos sociétés avec les enfants) ; les bruits de moteur augmentés artificiellement pour faire le plus de bruit possible et qui empêchent de se parler si on se trouve à moins de cinquante mètres d’eux ; les canettes de bière ; la foule qui attend à chaque carrefour pour traverser entre deux bolides qui risquent de tuer cinquante personnes au moindre écart… Bref, l’occasion d’apprendre des choses !
En tout cas, on a aussi bien profité de Sucre en y mangeant de bonnes glaces !
La Paz, coeur de la Bolivie
Après Sucre et une nuit de bus, nous sommes arrivés à La Paz, capitale (cette fois, « administrative ») de Bolivie. Grande ville, belle ville et haute ! 3700m d’altitude, la plus haute capitale du monde.
À nouveau, notre ambition n’est pas grande en arrivant ici : « pas trop à faire, surtout pas trop à faire ! »
Ainsi, nous avons gentiment fêté notre 13e anniversaire de mariage au Burger King (pour faire plaisir aux enfants – bravo le romantisme), et en flânant dans les rues du centre (pour faire quelques courses d’artesanias), et en passant dans le « marché des sorcières » où l’on trouve tous les produits ésotériques possibles, dont les fameux fœtus de lamas séchés qui pendent à l’entrée des magasins.
Nous avons aussi pris le temps de profiter des transports en commun locaux. Contrairement à chez nous, où l’on roule en métro et en tram, ici, c’est en téléphérique qu’on circule ! La Paz possède en effet le plus grand réseau de téléphérique du monde, avec ses 10 lignes. C’était aussi l’occasion de se rendre à El Alto, ville collée à la Paz, mais nettement plus haute : 4150m, ce qui est en fait la ville (de plus de 100.000 habitants) la plus haute du monde. El Alto, c’est aussi la capitale des aymaras qui, deux fois par semaine, se transforme en un marché im-pres-sion-nant ! Des kilomètres de long et on y trouve de tout : des vêtements aux pièces détachées de voitures, en passant par des fruits, des montres, des déguisements, ou tout autre chose que vous souhaitez.
À La Paz, nous avons eu la chance de recroiser Tessa et Charles, le couple belge croisé à Salta. On s’est revus en profitant d’un bon petit resto ensemble !
Mais La Paz, c’est aussi une ambiance, en général, qu’on a beaucoup appréciée. Un mélange entre l’intense activité (il y a des échoppes partout), les embouteillages continus, et le calme des gens. Et puis, la ville se trouve dans une cuvette, entourée de montagnes (dont le magnifique et enneigé Pico Sur à 6462m) : ça donne une vue magnifique.