Nous sommes pas mal fatigués, Nico et moi, ces derniers jours. Pourtant nous dormons bien dix heures par nuit. Alors c’est peut-être la vie de voyageurs qui est fatigante sur la durée. Ou l’altitude ? On est à 3700 m ici à La Paz. Mais on est habitués à l’altitude, donc ça ne devrait pas nous fatiguer. Bref.
Ce matin, vers 8h, nous étions dans un demi sommeil lorsque nous avons senti le lit trembler légèrement. Nous nous sommes réveillés tout à fait. Nico m’a dit : « Regarde ! La lampe bouge. » Après quelques secondes, plus rien. Un léger tremblement de terre ? Comme j’étais de toute façon réveillée, j’ai décidé de me lever.
J’étais à peine debout qu’on a frappé à la porte. J’ai d’abord pensé que c’était une de nos filles, qui dorment dans une autre chambre tout au bout du couloir. Mais je n’étais pas sûre, car d’habitude elles lisent et ne viennent pas nous chercher le matin. J’ai écouté. Derrière la porte, plusieurs voix, féminines et masculines, en espagnol. Probablement des gens qui se sont trompés de chambre. On a frappé une deuxième fois. J’ai vite enfilé un pantalon et j’ai ouvert la porte.
Devant moi, deux femmes, portant chacune un masque, et à côté d’elles, un homme, vêtu tout de noir avec une cagoule noire, un casque noir et une mitraillette noire à la main. À la queue leu leu à sa droite, ses 5 – 6 collègues, tous en noir également, mitraillette à la main.
L’une des deux dames, la réceptionniste de l’hôtel, m’explique que c’est « Migraciones » qui vient faire une vérification des passeports. L’autre dame (celle de Migraciones) me demande nos passeports. Je souris et leur dis « Heureusement que vous n’êtes pas allés d’abord à la chambre 506 ! Nos filles auraient eu vachement peur ! »
Peut-être vous demandez-vous si moi j’ai eu peur. Non, pas le moins du monde. C’était clair dès le début que ces gens ne nous voulaient aucun mal.
Je suis allée chercher les passeports. La dame de Migraciones a feuilleté celui de Nico. Après une minute, elle m’a dit : « Vous allez devoir retourner au bureau de Migraciones, parce que votre durée de séjour est dépassée. » Je lui ai répondu que non, qu’on quitte le territoire le 3 juin et que donc les 30 jours ne seront pas encore dépassés. Elle me demande depuis quand nous sommes en Bolivie. Je demande à Nico, qui est encore au lit (ce sont lui et Lucie les mémoires de la famille). Depuis le 6 mai. Un mois n’est donc pas encore passé.
La dame me montre le passeport : « Le cachet de l’Argentine date du 6 avril. Mais il n’y a pas de cachet Bolivien. » Je cherche dans le mien. En effet : aucun cachet d’entrée en Bolivie ! Ni de cachet de sortie d’Argentine ! Incroyable ! Je lui assure : « Pourtant nous étions à Villazón le 6 mai. Vous pouvez leur demander, ils ont même encore nos papiers de vaccination. »
La dame appelle quelqu’un. Elle demande à Nico, qui nous a rejoints à la porte de la chambre en pyjama, son nom complet, sa date de naissance. Puis elle confirme : « Vous êtes bien dans le système. Vous n’aurez donc aucun mal à quitter le pays. Mais vous devez aller à Migraciones à La Paz pour que votre passeport soit en ordre. » Puis elle ajoute : « C’est étrange, j’ai vu d’autres personnes qui étaient entrées dans le pays via Villazón et ils avaient un immense cachet dans leur passeport. »
Demain, nous allons donc faire un petit tour par Migraciones pour aller chercher notre cachet. Plus pour nous-mêmes (pour l’avoir dans nos passeports) que pour être en ordre. On va prendre quelques litres d’eau, à manger et un jeu de cartes, parce que ça peut prendre du temps, ce genre d’administration.
Après le départ de tous ces Messieurs-Dames somme toute fort sympas (ils ne faisaient que leur devoir), Nico m’a dit : « Le tremblement de terre, c’était probablement eux qui marchaient dans le couloir. » En effet. Et qui montaient les escaliers. Je les vois mal prendre l’ascenseur trois par trois, en attendant chaque fois que les précédents le leur renvoient.
MISE À JOUR DU 03/06/2022 : Au passage de frontière, en quittant la Bolivie, la dame de Migraciones qui contrôlait nos passeports derrière sa vitre à l’aéroport… nous a reconnus ! C’était la même dame que celle qui nous a contrôlés au saut du lit à l’hôtel de La Paz ! Heureusement qu’on avait bien été faire nos cachets comme elle nous l’avait demandé !
MISE À JOUR DU 28/05/2022 : En fait, il s’agissait vraiment d’un tremblement de terre, qui par une coïncidence originale, a eu lieu quelques minutes avant l’intervention des militaires et de Migraciones. Voir ci-dessous : nous sommes à La Paz, le point en bleu.
