On vous l’a déjà dit : il est important pour nous de nous démarquer des réseaux sociaux, souvent toxiques à cause de l’image tronquée qu’ils donnent de la vie des autres. Oui, nous aussi on vous montre les plus belles photos et, du coup, vous ne voyez pas ce qui est plus difficile.

Du coup, je me suis dit qu’il serait bon de vous parler de l’inconfort du voyage. En effet, on a déjà dit que c’était parfois dur de voyager aussi longtemps ; ce n’est pas rose tous les jours. Mais tout cela doit rester un peu abstrait pour vous qui restez en Belgique. Alors voici quelques petits exemples d’inconfort quotidien.

L’inconfort en voyage, c’est…

  • …ne pas savoir quand on aura la prochaine bonne douche chaude. Je précise bonne et chaude, car oui, à peu près partout où on va, il y a des douches (rares exceptions : en camper van, quand nous ne sommes pas dans un camping et dans un des refuges au Sud-Lipez), mais parfois elles ne sont pas chaudes ; ou bien il n’y a aucun débit, ce qui n’est pas facile pour se laver ; ou alors c’est au bord d’une montagne dans une cabane de toile (Capuliyoc)… Mais donc quand on quitte un endroit, on ne sait pas quand on aura la prochaine…
  • …ne pas savoir si la prochaine toilette où nous devrons aller aura une planche. Oui, dans les lodges, auberges et autres logements, les toilettes sont toujours bien, mais en-dehors (gare de bus, parc national, …), on n’est jamais sûr d’avoir une planche !
  • …se balader tout le temps avec du papier toilette sur soi. Car il n’y en a jamais dans les toilettes publiques !
  • …ne pas pouvoir cuisiner dans le logement où on est. Nous sommes alors réduits à aller chercher notre pitance du soir quelque part quand on n’a pas toujours envie de sortir. Et le choix est du coup limité ! D’un point de vue culinaire, les pays que nous fréquentons ne sont pas des grandes nations…
  • …ne pas avoir de légumes. Ceci est un corollaire du point précédent. Nous n’avons pas beaucoup de choix pour manger et on se retrouve très très vite à manger et re-manger un hamburger, une milanesa. Et qu’est-ce qu’on mange comme (mauvaises) frites ! Ca n’arrête pas.
  • …ne pas avoir la place, ni le temps pour une routine saine. Vous savez, le yoga ou la méditation, on arrive (difficilement) à s’y tenir à condition d’avoir une routine, un moment pour le faire. Ainsi qu’un endroit. Sans routine, dans une petite chambre exigüe d’une auberge de jeunesse, comment vous faites pour vos 30 minutes de yoga !?
  • …devoir réfléchir plusieurs jours à l’avance pour savoir quand faire une lessive. Pas trop tôt, sinon le sac à linge sale sera de nouveau gros au moment de passer au logement suivant. Et pas trop tard, sinon le linge n’est pas sec pour le prochain déménagement.
  • …devoir réfléchir à la quantité d’argent liquide qui reste, à quelques jours d’un changement de pays. S’il en reste trop, on y perd beaucoup en conversion de devises à la frontière. S’il en reste trop peu, il faut aller rechercher un peu de liquide… à des coûts prohibitifs (7$ américains à chaque retrait en Bolivie – autant dire que vous n’avez pas envie de retirer l’équivalent de 20€ !). Ou, en Argentine via le cauchemar de Western Union.
  • …devoir organiser, tout le temps. Comme on change d’endroit régulièrement (tous les 3-4 jours au Pérou et tous les 5-6 jours maintenant), cela signifie qu’il faut prévoir le prochain déplacement. Mais un déplacement, c’est d’abord (1) savoir où on va et combien de temps, (2) et donc d’abord découvrir ce qu’il y a à faire/voir dans le coin, (3) trouver un hébergement, (4) trouver un moyen de transport (bus de nuit ? de jour ? connexion ?) et enfin (5) organiser les excursions.
  • …ne pas pouvoir boire au robinet. C’est idiot, mais c’est un grand confort d’avoir de l’eau potable au robinet ! Ici, nous devons acheter de l’eau en bouteille. Si possible, des grands bidons que nous transvasons alors dans des gourdes, pour boire plus facilement.
  • …arriver, fatigués, après une journée de voyage dans un nouvel endroit et ne pas pouvoir se poser. Il faut s’installer, s’occuper des enfants, trouver à manger, savoir s’il y a une lavanderia, etc. En fait, il faut apprivoiser l’endroit – il faut parfois quelques jours pour se sentir chez soi. En soi, ce n’est pas compliqué, mais le faire tous les 3 à 5 jours, c’est fatiguant.
  • …ne pas retrouver de confort « chaud », comme à la maison. On a déjà écrit un article là-dessus, mais il est vrai qu’ici, aucune maison n’est isolée ou bien chauffée.

En fait, chacun de ces « inconforts » n’est vraiment pas probématique. Chacun de nous l’a déjà vécu en vacances. Mais la différence ici, c’est vraiment la répétition de ceux-ci sur une longue période.

Maintenant, rassurez-vous, on ne se plaint pas et, à choisir, on le referait sans hésiter. Cet inconfort est passager et nous permet de vivre tellement de belles choses que cela en vaut largement la peine.

Les filles, dans le hall d’un refuge au Sud-Lipez. O°C, il fait noir ; on débarque les affaires et on essaye de s’installer dans une chambre.

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