Nico, Lucie et Éline vous ont déjà raconté dans d’autres articles notre séjour de cinq jours à l’establecimiento Bichadero dans le nord de l’Uruguay. J’ai envie de vous raconter pourquoi, moi aussi, j’ai tant aimé loger là.

Je m’y suis sentie aimée, choyée, entourée de beauté, d’espace et de vie. Le temps s’est écoulé différemment, beaucoup moins vite, à un rythme qui me convient beaucoup mieux. Je crois que si j’avais atterri là vers 20 ans, avant de connaître Nico et d’avoir des enfants, j’aurais demandé à Serrana et Dario si je pouvais rester quelques mois pour les aider. Et qui sait, je serais peut-être restée en Uruguay pour toujours.

Les paysages

L’establecimiento Bichadero est constitué de plusieurs petits bâtiments de plein pied situés dans un beau jardin sur le haut d’une colline surplombant des hectares et des hectares de prairies alentours. Depuis la pièce de vie, le regard se promène presque à l’infini. C’est extrêmement reposant. À des kilomètres à la ronde, on peut voir paître les vaches et les moutons. À l’avant-plan, un bout de jardin avec un gigantesque massif de bignone rose et de grands eucalyptus. Le soir, on a droit d’abord à la lumière dorée du soleil rasant la plaine puis au spectacle du coucher du soleil, époustouflant.

Le jardin

Serrana et Dario ont, comme nous, trois filles : Alicia, Marcela et Clara. Les deux plus grandes sont déjà aux études supérieures. C’était touchant de voir comme Dario adorait Margaux, qui lui rappelait ses filles quand elles étaient petites.

Ce sont Serrana et Dario qui ont aménagé avec goût et avec soin tout le jardin. Quand ils ont repris l’estancia des parents de Dario, il n’y avait qu’un petit verger et quelques arbres pour faire de l’ombre. Maintenant, il y a une quantité d’arbustes et de plantes grimpantes à fleurs, des cactus géants et des massifs permettant aux oiseaux de nicher.

Les oiseaux

Les oiseaux sont une part importante de la vie à l’establecimiento Bichadero. Les ornithologues et les photographes d’oiseaux connaissent bien le lieu et viennent y passer quelques jours en chasse de la photo rêvée. Plusieurs livres d’ornithologie uruguayenne contiennent d’ailleurs des photos prises à Bichadero ! Tout est donc prévu pour attirer un maximum d’oiseaux : massifs où nicher et se cacher, comme je l’ai déjà dit ; pas de chats, donc pas de prédateurs. Et les oiseaux sont nourris sur la balustrade de la terrasse en face de la pièce de vie.

Pour nous qui adorons les oiseaux, quel plaisir ! Ils savent qu’ils sont les bienvenus et n’ont donc pas peur du tout ! Ils viennent se nourrir même quand on est assis sur la terrasse à moins d’un mètre d’eux. On a carrément vu un bruant chingolo se poser sur le dossier de la chaise où était assis quelqu’un !

Dario connaissait sur le bout des doigts tous les visiteurs ailés de la région et nous a beaucoup aidés à les reconnaître.

La pièce de vie

Ce sont Dario et Serrana qui ont construit cette vaste pièce sur pilotis, toute en bois. Elle est extrêmement conviviale avec son plancher qui craque, sa longue table à la nappe fleurie, ses les vitrines avec toutes sortes d’objets anciens venant des générations précédentes dans l’estancia : lunettes, briquets, armes et munitions, flacons de médicaments, montres à gousset… Son bar, son billard, sa collection de crânes d’animaux sauvages et de pierres trouvées sur le domaine de l’estancia.

Un élément important de la pièce de vie : la bibliothèque magnifiquement bien fournie de livres tout récents sur les oiseaux, les batraciens, les reptiles, la végétation et les pierres d’Uruguay. Il y en avait d’autres sur l’histoire et la culture du pays, dont un superbe livre de photos sur les gauchos d’aujourd’hui. Autant d’occasions de se poser et de rêver.

La cuisine était ouverte et formait l’autre branche d’un L avec la pièce de vie. La proximité de la cuisine ajoutait à la convivialité et donnait une ambiance « comme à la maison ».

Le soin

Nous avons été soignés aux petits oignons, littéralement. Serrana nous cuisinait des repas succulents. Elle faisait presque tout maison, car Tacuarembó, la ville la plus proche, est à 1h30 de route. 

Toute la famille : Serrana, Dario, Ana qui les aidait de temps en temps, et leurs filles Marcela et Clara quand elles étaient là, toute la famille mangeait à la même table que nous. J’ai adoré cette convivialité et la possibilité de discuter beaucoup avec eux.

Dario était là pour nous quand nous avions envie de sortir faire une cabalgata (une balade à cheval), une balade à pied ou de nager dans une cascade. J’ai été très surprise de découvrir la quebrada (le ravin) du domaine. Quand on regarde les environs depuis la route ou depuis l’estancia, on voit des collines couvertes de prairies à l’herbe plutôt sèche, avec des zones d’arbustes bas et quelques bosquets. On ne voit pas les quebradas, cachées par de la végétation. Pourtant il y en a beaucoup dans la région. Et quand on descend dedans, quelle surprise ! Une luxuriante végétation semi-tropicale : fougères, palmiers, lianes, cascades…

Les petits déjeuners

Je suis une grande, grande fan des petits déjeuners. J’adore ces moments de plaisir et de convivialité en début de journée !!! Alors quand en plus c’est un petit déjeuner entièrement fait maison avec des produits de la ferme, et qu’en mangeant on observe les oiseaux venir manger tout près de nous… youpiiiiiiie !

La merienda

La merienda, c’est le goûter. Qui à Bichadero est servi vers 18h 🙂 On n’a décidément pas les mêmes horaires. Thé, café ou jus de fruits avec deux sortes de gâteaux, dont la pastafrola, dont je raffole, du pain, du beurre et de la confiture maison. Et le soleil doré du soir ! Quel plaisir de s’asseoir après 2h30 de balade à cheval et de siroter son thé en discutant avec Serrana ou James !

James

Car je ne peux pas raconter l’establecimiento Bichadero sans parler de James, notre cher co-touriste londonien d’origine écossaise. Pour nous, il fait partie de Bichadero, puisqu’il y était quand nous sommes arrivés et qu’il est resté quand nous sommes partis. C’est un habitué du lieu qui y est déjà venu plusieurs fois. J’ai beaucoup aimé discuter avec lui de plein de choses ! Il a énormément voyagé et s’intéresse à tout. Il faisait partie de notre « famille » uruguayo-belgo-britannique de cinq jours 🙂

C’est en discutant avec James lors d’une balade à cheval que j’ai appris qu’au Royaume-Uni, les chevaux ont quatre vitesses (walk, trot, canter and gallop) alors que chez nous ils n’en ont que trois, que je sache : le pas, le trot et le galop. On a bien rigolé !

James nous a offert plusieurs fois l’apéritif avant le souper : de bons vins français achetés au duty free de la ville de Rivera, située à cheval sur la frontière avec le Brésil. Dario y ajoutait du saucisson et des cubes de fromage et le tableau était complet pour passer un bon moment ensemble à mélanger l’espagnol, l’anglais et le français 🙂

Les chevaux

Avant, j’avais peur des chevaux. Ou plutôt, je m’en méfiais. Mais depuis que j’accompagne Lucie à ses cours d’équitation et que je l’aide à brosser et préparer son cheval, j’ai appris à les connaître un peu mieux. Et je les aime bien.

J’ai toujours rêvé de faire du cheval comme dans les films, dans de grandes étendues, avec la nature à perte de vue, les cheveux au vent. Mais je ne veux pas passer par la case « cours d’équitation » et faire des tours de piste. Donc je me suis dit que je ne ferais probablement jamais de cheval « comme dans les films ».

Sauf qu’ici, oui, c’est possible ! Cheveux au vent et tout. Pourquoi ici et pas en Belgique ? Je ne sais pas très bien. Sommes-nous trop prudents ? Peut-être. Ou pas. Les uruguayens de la campagne, qui vivent sur leurs chevaux, rigolent quand je leur explique qu’en Belgique on met une bombe car faire du cheval est considéré comme dangereux. La différence se situe peut-être dans les chevaux eux-mêmes. Deux européens croisés à des moments et des endroits tout à fait différents en Uruguay m’ont dit qu’ils faisaient du cheval ici mais pas en Europe car les chevaux uruguayens sont beaucoup plus tranquilles que ceux de chez nous. Les gens aussi sont beaucoup plus tranquilles. Peut-être que ça déteint sur les chevaux 🙂 

Les siestes

Après chaque almuerzo (le repas de midi), siesta ! 1h30 à 2h de repos sans rien à faire, puisque nos hôtes s’occupaient de tout. Le rêve !

Je suis bien consciente que la vie à l’establecimiento Bichadero était reposante pour nous, alors qu’elle est très intense et fatigante pour Serrana, Dario et celles et ceux qui les aident. Ils sont occupés toute la journée, tous les jours, dès tôt le matin. Je ne veux pas romantiser ni idéaliser la vie à la campagne. Je voulais juste rendre hommage à l’accueil exceptionnel de ces personnes chaleureuses et tellement investies dans ce qu’elles font.

Gracias Serrana, gracias Darío para abrirnos su hogar!

Merci de ne pas partager cet article sur les réseaux sociaux. Si vous souhaitez en parler à quelqu'un, prenez le temps de lui en parler ou de lui écrire un email. 😋