Après Guayaquil, sur la côte sud de l’Équateur, nous avons pris un bus vers Cuenca, située dans la partie andine du pays, plutôt au sud également.

Pour rappel, l’Équateur, comme le Pérou, est divisé en trois zones géographiques nord-sud, parallèles les unes aux autres : 

  • Litoral ou Costa (la côte)
  • Sierra ou Interandina (les Andes)
  • Oriente ou Amazonía (la forêt tropicale)

Sans oublier bien sûr les îles Galápagos, où nous n’irons pas, car le voyage est extrêmement cher dans le but de limiter le tourisme.

Superbe trajet en bus

Le trajet en bus de Guayaquil à Cuenca, 4 heures environ, a été superbe ! D’abord nous avons traversé une plaine marécageuse avec des huttes sur pilotis en herbes tressées, des bananiers et des aigrettes blanches. Puis nous sommes montés un peu. Nous avons vu nos premières plantations de cacao ! La route a continué de monter et nous avons traversé une jungle. Nous sommes passés dans les nuages, sommes montés encore, et sommes ressortis au-dessus d’eux ! Il y avait une mer de nuages dans les vallées à nos pieds ! Nous avons continué de monter et avons passé un col à 4100 mètres, sans aucun problème. Nous profitons encore des avantages de l’acclimatation à l’altitude en Bolivie. Après le col, nous sommes descendus vers Cuenca qui se situe à 2560 m d’altitude.

Quelle différence entre Guayaquil et Cuenca ! À Cuenca, on s’est très vite rendu compte de l’ambiance « européenne », tant dans l’architecture que dans le côté « chic » des magasins, restaurants etc. On nous a expliqué que c’est, entre autres, parce qu’y vivent beaucoup d’expatriés, surtout des retraités américains et canadiens. Guayaquil, qui est la plus grande ville du pays sans en être la capitale, a un côté beaucoup plus chaotique, coloré, désordonné et vivant. Cuenca est jolie, propre et bien rangée.

Nous avons logé dans le plus bel hôtel du voyage. Pas le plus « chic », mais bien le plus beau dans le sens noble. C’était loin des hôtels impersonnels et froids des grandes villes occidentales. Il me faisait penser à une belle maison ancienne, avec ses parquets qui craquent, ses escaliers en marbre et ses meubles en bois sombre. Nous avons adoré loger là !

Le site archéologique d’Ingapirca

Le 8 juin, nous sommes allés visiter le site Cañari et Inca d’Ingapirca. Le peuple Cañari y a vécu d’abord, puis les Incas l’ont repris et y ont construit un temple dédié au soleil. Ce n’était pas un site aussi grand ni aussi impressionnant que ceux du Pérou, mais j’ai aimé sa situation dans la jolie campagne équatorienne. Nous avons complété la visite par une petite promenade qui nous a permis, entre autres, de voir « la cara del Inca« , le visage de l’Inca, une paroi rocheuse taillée partiellement pour ressembler à un visage.

Le même jour, nous avons visité un atelier de tisserands dans le village de Gualaceo et nous sommes passés par Chordeleg, où Nico s’est acheté un vrai chapeau Panama « super fino« .

Une journée dans la communauté de Kushi Waira

Le lendemain de la visite d’Ingapirca, nous avons passé une journée avec Alfonso, shaman de la communauté Kushi Waira, et sa famille. Cette communauté perpétue les traditions du peuple pré-inca Cañari.

La campagne autour de Cuenca est magnifique ! Des collines vertes très pentues, une nature luxuriante, de petites fermes très espacées les unes des autres. Cela nous a fait penser à la campagne suisse.

Alfonso et son épouse Maria Emanuela nous ont accueillis dans la Samaná Wasi, la maison du repos. « Tomen asiento« , nous a dit Alfonso, tout en nous expliquant que ça voulait dire non seulement « asseyez-vous », mais aussi « posez-vous », « reposez-vous ». Nous avons trinqué avec un petit verre de canelazo, l’alcool fort local, très doux.

Puis Alfonso nous a emmenés sur la colline voisine. En chemin, il nous a montré les plantes en nous expliquant leurs vertus curatives. En haut de la colline, il y avait une magnifique vue sur tous les environs, l’ancien territoire Cañari. Lulu et Margaux ont fait un petit tour à cheval. Puis nous sommes entrés dans la forêt sacrée, un petit bout de forêt primaire qu’Alfonso et sa famille laissent vierge. C’était un paradis végétal, où des dizaines, voire des centaines d’espèces végétales vivent en harmonie. 

L’épouse d’Alfonso, une jeune fille (leur nièce ?) et un petit garçon nous ont rejoints en haut de la colline. Dans une clairière aménagée au milieu de la forêt sacrée, elles ont installé la « pampamesa« , la table de campagne : une longue nappe blanche posée à même l’herbe, sur laquelle elles ont posé le repas : du poulet épicé, des légumes style épinards, des crêpes aux légumes, des pommes de terre, du riz, un bol de sauce pimentée, du mote casado. Nous nous sommes assis autour de la nappe et avons mangé avec des cuillères en bois. C’était succulent !

Après le repas, Nico et moi avons participé à deux rituels : lors du premier, Alfonso nous a guidés pour nous aider à nous (re)connecter à la Terre et à l’Univers ; au plus grand que nous. Les Cañari et leurs descendants croient au fait que nous faisons un tout avec la nature. Et que pour être bien en tant qu’humain, bien avec soi-même et avec les autres, tant dans sa tête que dans son corps, il faut être connecté à la nature. Si on est déconnecté, on est comme mort.

Après le rituel de reconnexion, Maria Emanuela, l’épouse d’Alfonso, nous a fait à chacun un rituel de purification pour lequel elle utilisait un bouquet de plantes récoltées dans la forêt.

De retour de notre promenade, nous nous sommes rassemblés dans la pièce de la communauté où on joue de la musique. Alfonso chante, joue de la flûte de pan, de la guitare et des percussions ! Nous avons dansé avec les femmes. C’était très sympa ! Puis nous avons appris comment moudre le grain de façon traditionnelle et nous avons goûté à quelques préparations typiques. Ce fut une très belle journée enrichissante et énergisante !

El Cajas

Un des incontournables dans la région de Cuenca, c’est le Parque Nacional Cajas. Nous sommes allés y faire une randonnée. Comme le parc est situé plus en altitude que la ville, il y fait beaucoup plus froid. Zut, nous étions toutes en short sauf Margaux. Et Nico, qui est de toute façon en short, quelle que soit la température. Il prétend qu’on n’attrape pas froid par les jambes 🤔

En plus d’y faire froid, il faisait vachement mouillé. Le sol était détrempé, imbibé d’eau comme une éponge. Ça m’a fait penser aux tourbières des Fagnes. Par contre, les paysages étaient magnifiques. Ils me faisaient penser à l’Écosse. L’Écosse de mon imagination, car je n’y suis jamais allée en vrai. Hil, Es, si vous lisez ceci, vous pourrez confirmer ou infirmer 😉

Nous avons décidé de faire le tour du petit lac qui se trouve juste en contrebas de l’entrée du parc. Le début de la marche se fait sur des caillebotis en bois. Après quelques centaines de mètres, il n’y en a plus et il faut zigzaguer entre les flaques et la boue. Pas facile ! Nos louloutes se sont très vite mises à se plaindre : « J’ai froiiid ! Je veux rentreeeer ! C’est nul ici ! » Difficile de les encourager à avancer. Le paysage semblant sorti d’un conte de fées les laissait totalement indifférentes.

Dès que nous avons trouvé un endroit plus ou moins à l’abri du vent, nous avons mangé notre pique-nique. Debout, évidemment. Puis nous avons continué notre tour du lac. Mais avant la moitié, nous avons dû nous rendre à l’évidence : il faisait trop froid et trop glissant / mouillé que pour traîner nos filles plus loin. Nico était super frustré, lui qui adore marcher. Et moi un peu aussi, mais moins que lui. J’ai alors eu une idée : j’ai fait demi-tour et je suis rentrée avec les filles à l’entrée du parc, où il y avait – quelle chance ! – une petite cafétéria qui vendait des boissons chaudes ! Et Nico a continué la marche, non pas autour du lac, mais un peu plus loin dans le parc.

Comme ça, tout le monde était content : les louloutes et moi avons pu nous réchauffer et nous reposer et Nico a pu marcher à son rythme. Le retour jusqu’à la cafétéria a été long et difficile, mais j’ai fait de mon mieux pour encourager mes choupinettes et leur dire comme ce serait bien, après, de boire une bonne boisson chaude. Ce le fut en effet : bien et réconfortant. J’en ai profité pour leur glisser une petite leçon de vie : souvenez-vous de cette journée, mes chéries, quand dans vos vies vous traverserez des moments difficiles. Après la difficulté, vient toujours le réconfort.

Nico nous a rejointes longtemps après. Les filles commençaient déjà à s’inquiéter. Et moi un peu aussi, j’avoue. En arrivant, Nico nous a dit que c’était une des randos les plus difficiles qu’il ait faites, à cause du sol mouillé et glissant. Il était étonné qu’on laisse n’importe qui s’aventurer sur ce terrain. C’est vrai qu’on a croisé des groupes de personnes clairement pas habituées à randonner, en baskets blanches ou chaussures de ville.

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