Voici une petite version spéciale d’un article de la série « insolite ». Ça n’intéressera sans doute pas tout le monde, mais j’avais envie ici de montrer ce qu’on a vu en matière de construction, architecture et urbanisme. Parce que c’est loin, très loin d’être comme chez nous.

Le principal, comme à chaque fois, se trouve dans les photos, mais cette fois, il y a un mot d’explication.

Dans les types de constructions que nous avons rencontrées, je créerais cinq catégories.

  1. Les constructions de type colonial. Elles ont beaucoup de style, évidemment. C’est l’idée qu’on se fait des centre-villes en Amérique du Sud. C’est le style des grandes et belles villes (non détruites pas les tremblements de terre) comme Cuzco, Ayacucho ou Arequipa, autour de leurs plazas de armas magnifiques.
  2. Les constructions modernes. Ça, c’est le style béton et brique. Mais attention, pas comme chez nous. C’est une structure en béton (plancher et colonnes) et le reste est rempli avec des briques. C’est drôle parce que c’est exactement ce qu’on avait vu comme constructions au Népal, lors de notre voyage de noces en 2009. Le problème c’est que, comme au Népal, la majorité de ces maisons ne sont pas finies. On laisse donc le béton et la brique apparentes (ce qui n’est pas joli) et surtout, on laisse les barres métalliques apparentes sur le toit, au cas où on ajouterait encore un étage par après. Certaines maisons (les plus riches) sont cependant finies et recouvertes de couleur. Ces maisons sont celles qu’on trouve dans les villes (en dehors des centres coloniaux) et dans la campagne, pour ceux qui ont les moyens.
  3. Les maisons traditionnelles en terre ou en adobe. Ces maisons ont ceci de particulier qu’elles sont très écologiques, puisque… elles sont biodégradables : elles fondent ! En effet, étant faites en terre (non cuite), la pluie érode les briques. Et pour peu qu’on enlève le toit (ne riez pas, ça se voit beaucoup), la maison se retrouvera après quelques mois/années décomposée en un tas de terre. Les plus riches protègent les murs avec de la chaux pour éviter la décomposition. Les plus pauvres, j’imagine, remettent une couche de terre de temps en temps. Généralement, le toit est en tôle ondulée. Au milieu de la campagne, les maisons isolées ont même encore des toits en chaume.
    Ces maisons en adobe se retrouvent à la campagne, principalement, et surtout chez les plus pauvres, mais parfois aussi dans les petits villes les plus anciennes.
  4. Les bidon-villes. Il y a aussi quelques quartiers, même si c’est assez rare, où on trouve encore des maisons faites de tôles, de bâches ou de bric et de broc. On les retrouve plutôt en périphérie des villes.
  5. Les maisons « du gouvernement » : des petites cahutes d’environ 16 ou 20m², fournies par le gouvernement. Elles sont en briques, un seul étage (le rez-de-chaussée) avec un toit et elles sont finies. De temps en temps, en bord de route, on voit un champ d’une centaine de maisons comme ça. Ce sont les maisons que le gouvernement construit et donne à ceux qui en ont le plus besoin. Mais, si on a vu quelques quartiers comme ceux-là, on ne les a pas vus habités.

Au-delà des « catégories » de maisons, il y a encore quelques considérations à noter.

  • Tout d’abord, nulle part nous n’avons vu d’isolation. Ni les murs, ni les fenêtres ne sont isolés. Toutes les fenêtres sont de simple vitrage. Elles ne se ferment généralement pas comme chez nous : il s’agit d’une vitre qui glisse devant une autre, donc pas de fermeture hermétique. Les murs, c’est juste une brique d’épaisseur. Sauf, bien sûr, les constructions anciennes (coloniales) où les pierres sont énormes et les murs épais. Dans la majorité des maisons que l’on voit, il y a un jour entre le mur et le toit. Pourquoi le fermer !?
  • Nous n’avons jamais vu de chauffage ici (seulement deux fois un chauffage d’appoint, au gaz ou électrique). Pourtant, il y a des jours où ce serait nécessaire. À Llachón, il devait faire aux alentours de 7 ou 10°C dans les chambres. À part sous tente, je n’avais jamais dormi dans un lieu aussi froid. C’est intéressant de se rendre compte de comment vivaient nos grand-parents ou arrière-grand-parents qui vivaient avec seulement un poêle ou une cheminée pour les pièces de vie et rien dans les chambres… Rassurez-vous : on avait de grosses couvertures et des bouillottes, et nous n’avons donc pas eu froid !
  • De manière générale, rien n’est fait pour résister à une pluie ou à une tempête. On voit des toits qui tiennent, juste posés sur des murs. Il y a des terrasses, au-dessus des bâtiments, où il y a des fauteuils, des circuits électriques non-protégés ou des choses qui, chez nous, au moindre coup de vent, tomberaient et casseraient.
  • D’un autre côté, il est très intéressant de voir les murs incas : des murs composés de pierres taillées énormes, aux formes aléatoires, mais parfaitement (vraiment parfaitement) adaptées les unes aux autres. Ces murs sont, paraît-il, anti-sismiques par nature. Pour preuve : Choquequirao, Machu Picchu ou Ollantaytambo sont encore debout après plusieurs centaines d’années de séismes.
  • De manière générale, il y a très peu de bâtiments hauts. À Arequipa, ils ne dépassent généralement pas deux étages. À nouveau, question de résister aux tremblements de terre.
  • L’urbanisme, géré par les communes, n’est pas quelque chose qui s’applique ici. Voir photo : dans notre appartement à Cuzco, il y avait une fenêtre qui donnait… sur le mur du voisin. La maison d’à côté s’est construite contre la fenêtre ! On a l’impression qu’à part les quartiers de style colonial, on construit comme on veut, dans un joyeux désordre.

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