Ça me fait rire, ce mot, « bilan ». Ça fait super sérieux. Ça me rappelle quand on était petits, ma sœur, mon frère et moi, et que nos parents nous donnaient des cours de français (on était en néerlandais à l’école). De temps en temps, ils faisaient une interro. On appelait ça un bilan. Et quand on avait de bons points au bilan, on recevait un livre. Je ne souviens encore du titre de mon préféré : « Buldo, poisson malin« .
Bon, revenons à nos moutons. Nous sommes partis depuis trois mois et quatre jours. Qu’en est-il, de ce voyage ? Est-ce que j’y trouve ce que j’espérais y trouver ? Est-ce que c’est comme je m’imaginais, ou est-ce que c’est différent ? Est-ce que parfois j’en ai marre ? Est-ce que parfois je voudrais rentrer en Belgique ? Ci-dessous les réponses à ces questions. Je vais parler essentiellement du Pérou, car nous ne sommes en Argentine que depuis 7 jours.
Qu’en est-il, de ce voyage ? Est-ce que j’y trouve ce que j’espérais y trouver ? Est-ce que c’est comme je m’imaginais, ou est-ce que c’est différent ?
Oh oui !!! J’y trouve ce que j’espérais y trouver, et bien plus !
Les paysages au Pérou étaient beaucoup plus impressionnants que tout ce que j’avais pu m’imaginer. D’ailleurs, je me suis rendu compte que je n’avais aucune image préconçue du Pérou, aucune idée de ce à quoi m’attendre. Je ne savais même pas qu’une si grande partie du pays se situait tellement en altitude, ni qu’il y avait de la jungle tropicale.
Le dépaysement est énorme. À tous les points de vue. À aucun endroit, à aucun moment, on ne pouvait s’imaginer être en Belgique. Que ce soit dans la nature (tellement grandiose), en rue (bâtiments, trottoirs, le revêtement des rues, véhicules, piétons, chiens errants, magasins, vendeurs de rue, pauvreté à certains endroits : tout est différent), en matière de sons et de bruits, en matière de goûts… Que ce soit même à l’intérieur d’un bâtiment : dans les hôtels où nous logions, ou chez des péruviens, tout est différent aussi. La manière de construire, les finitions aléatoires, la décoration, l’ameublement… Voyez à ce sujet aussi l’article de Nico sur l’architecture. Je ne me suis rendu compte de cet immense dépaysement qu’en arrivant en Argentine. Pays, pour ce qu’on en a vu, beaucoup plus européen. C’est très apaisant de me balader en rue à Buenos Aires ou ici à Ushuaia. Pourtant il y a des différences avec chez nous, mais moins qu’au Pérou. Je me rends compte que c’est plus calme pour mon cerveau ; qu’il a moins de choses nouvelles à analyser. Qu’il y a quelque chose de « Aaah, ici je connais ! » Ça fait du bien aussi.
Nous avons fait de magnifiques rencontres. C’était une question que je me posais souvent avant de partir : est-ce que la pandémie de covid, le port des masques et tout ça, nous empêcheront d’entrer dans un contact vrai avec les gens ? Est-ce qu’ils vont se méfier de nous plus qu’avant la pandémie ? Eh bien la réponse est non, non et encore NON ! La pandémie n’empêche pas les rencontres ! Qu’est-ce que je suis heureuse d’écrire cette phrase !!! LA PANDÉMIE N’EMPÊCHE PAS LES CONTACTS RICHES ET CHALEUREUX ENTRE HUMAINS. Rien que pour constater ça, qu’est-ce qu’on a bien fait de partir ! Les péruviennes et péruviens sont adorables. Accueillants, intéressés, un chouia timides. Su-per serviables. Et honnêtes ! À Urubamba, où je suis allée suivre un cours avec Ruro, une sage-femme, un jeune chauffeur de taxi m’a conseillé de prendre un collectivo (un minibus) pour aller jusqu’à la maison de naissance, plutôt que d’aller avec lui, car ça me coûterait 10 pesos avec lui et seulement 2 en collectivo. J’ai trouvé les péruviennes et les péruviens très travailleurs aussi. Lève-tôt, inventifs, habiles de leurs mains, ils se débrouillent dans la vie, parfois avec extrêmement peu de moyens.
Avec ce voyage, je voulais aussi sortir de notre train-train. De nouveau, je peux cocher la case. La vie itinérante n’a rien, mais absolument rien à voir avec celle qu’on mène à Braine-l’Alleud. J’en avais déjà fait l’expérience, seule, au Mexique ; avec Carine, une amie, à Madagascar et avec Nico au Népal et au Mexique. C’était exaltant : voyager sac au dos donne une impression de liberté, de « tout est possible ». Comme une immense bouffée d’air, tous les jours. Eh bien… avec des enfants, c’est une autre paire de manches ! Avec nos enfants en tout cas. (Ce n’est pas le cas de toutes les familles, d’après une rencontre que nous avons faite dans le train qui nous ramenait du Machu Picchu) Non, nos louloutes ne sont pas émerveillées par tout, comme je me l’étais imaginé. Non, elles n’ont pas une aussi grande soif de découvertes que moi. Oui, rester en Belgique leur aurait plu aussi. Lucie dit même qu’elle aurait préféré rester en Belgique. Si on leur laissait le choix ? Elles passeraient toutes leurs journées à l’hôtel, l’appartement ou la casita que nous louons. Elles iraient manger tous les midis au McDonalds. Elles boiraient des milkshakes 4x par jour. Et elles feraient tous les trajets en avion (seulement ceux avec écrans) et en pickup.
Non, tout le monde n’aime pas sortir de son train-train. Et il se fait que nos filles n’ont pas eu le choix, avec les parents qu’elles ont… C’est difficile, très difficile pour moi d’accepter cette réalité. J’en veux à l’idée largement répandue qui dit qu’un enfant est par nature curieux, qu’il a une grande soif d’apprendre et de découvrir. Non, pas tous les enfants. Pas les miens. Ce que je dois souligner par contre, c’est que pour des enfants qui n’ont pas trop envie de sortir, de découvrir et d’apprendre, nos trois louloutes s’adaptent vachement bien. Alors oui, elles râlent au quotidien, nous disent « Oh nooooon ! » 4 fois sur 5 quand on va quelque part, mais finalement, ça se passe globalement bien. Elles râlent mais elles suivent. Elles boudent mais racontent à leurs copines que c’est super.
Alors est-ce que peux dire que je suis hors de ma zone de confort (une autre chose que je cherchais) ? Ooooh que oui ! Très loin en dehors. Mais c’est beau.
Je me souviens que quand j’étais petite ou jeune ado, une chose me désolait : comment la ville (Wezembeek-Oppem et Woluwe Saint-Pierre en l’occurrence) pourrait-elle un jour être tout à fait belle ? Quand on répare une rue, trois autres sont en train de s’abîmer. Quand quelqu’un rénove sa maison, le voisin laisse la sienne à l’abandon. Jamais on n’arriverait à ce que la ville soit belle. Puis le temps a passé, j’ai grandi en maturité, et je me suis rendu compte que la beauté est à chercher dans l’imperfection, justement. C’est l’imperfection qui rend un objet ou une personne précieuse, unique, belle. Et c’est là où je voulais en venir : notre voyage est magnifiquement imparfait. On voit des choses incroyables, des paysages magnifiques, on mange des plats délicieux, on fait des rencontres magiques, et en même temps ce n’est pas facile, ce n’est pas confortable, c’est fatigant. Parfois je suis déçue. Parfois je pleure. En fait, c’est la Vie dans toute sa splendeur imparfaite.
Et oui, vivre 24h sur 24 à cinq nous fait voir plus clairement que jamais les côtés difficiles des autres… Et les autres nous renvoient nos propres faiblesses comme le ferait un miroir. Que faire de tout ça pour grandir plutôt que de tourner en rond dans la vase ? Comment prendre racine dans la difficulté pour pousser vers la lumière et la transformer en enrichissement pour toute la famille ? Après trois mois de voyage commun, ma réponse du moment est : prendre soin de MOI !!! Ma conviction : pas de famille épanouie sans couple de parents épanoui. Et pas de couple de parents épanoui sans deux individus épanouis. DONC je me suis remise au yoga quotidien avec Adriene, que j’avais laissé tomber quelques semaines avant notre départ. Et je me suis mise à aller dormir plus tôt (sauf ce soir) et à me lever plus tôt, pour faire du yoga. Sans oublier de me donner de temps en temps un temps de créativité : écrire et/ou dessiner, peindre me font un bien fou. Rendez-vous au prochain bilan pour vous dire si ma conviction était la bonne ou si du moins elle va dans la bonne direction.
Est-ce que parfois j’en ai marre ?
Nooooon, pas une seule fois.
Est-ce que parfois je voudrais rentrer en Belgique ?
Oh que non ! Pas encore. J’ai encore trop à apprendre.
Vos questions ???
Ça m’a amusée de répondre à mes propres questions. Du coup, je me suis dit : peut-être que vous aussi, vous avez des questions à me / à nous poser. M’est venue une idée : posez-moi vos questions, si vous en avez ! Envoyez-les-moi par e-mail, Signal ou WhatsApp et j’y répondrai avec plaisir dans un article suivant.